Edito : Le prix de l’Histoire

Ce prix, rappelons-le, récompense « l’attachement personnel aux valeurs démocratiques et au respect des droits de l’homme ». S’il n’a pas le prestige du Nobel ou du Prix Moh Ibrahim, il s’agit d’une initiative naissante à encourager. Il porte le nom d’un homme d’exception que ses héritiers ne peuvent pas  vouloir galvauder par des choix de complaisance.  Inaugurer donc le prix comme vient de le faire notre pays est flatteur.

Alors félicitations au président !  Tout comme au président Sénégalais pour son fair-play du Sénégalais – il a présidé la cérémonie de remise avec des mots plus qu’aimables pour le récipiendaire. Mais ATT le sait, l’Afrique est en convulsion et ses nations sont en révolte.

Le phénomène n’est pas encore totalement analysé et compris. Il n’y a toutefois pas de doute qu’il exprime plusieurs désaccords dont : le déficit de consultation et de participation, la sanction de la non-écoute,  les décalages entre des gouvernements rassasiés  et des gouvernés affamés.  A cet égard, la distinction du weekend vaut pour le président invitation à plus de vigilance et d’engagement pour  le renforcement de notre processus démocratique.

Car beaucoup d’efforts sont encore à consentir pour que notre démocratie soit à la mesure, non de comment d’autres la voient mais de ce que nous voulons qu’elle soit : profonde et durable,  issue de la pédagogie du pouvoir autant que de la vitalité des contre-pouvoirs. Le prix que le Mali donnerait demain est celui de l’Histoire. Il faut le vouloir pour le président. Et il faut qu’il le veuille pour lui-même.

Adam Thiam

Le Républicain 18/04/2011