Edito / Le Pdes étranglé par ses moustaches

Depuis sa création voici bientôt trois ans, le bébé moustachu a prouvé qu’il a encore un problème d’âge mental. Pire, que ses longues moustaches menacent de l’étrangler. Querelles d’ego, luttes féroces de préséance, moins de concentration sur ce qui, à notre avis, pouvait faire le charme de ce parti dans un pays où le débat d’idées est déficitaire : le formidable capital qui devait être le sien à travers le travail méritoire du Club Perspective et Développement, sa préfiguration.

Rien d’anormal aux frictions dans un parti. Mais seulement quand elles sont signes de vitalité, donc de confrontation entre les courants idéologiques, les positions de principe ou l’énoncé des valeurs. Hélas, le bébé moustachu n’est pas dans cette disposition. Il est plutôt dans les tranchées, dévasté par la bataille du moi d’abord devant une République tétanisée par les défis du Nord et des aînés politiques sans doute riant sous cape. Jeter la pierre au Pdes parce qu’il est issu du pouvoir Att dont il dit haut et fort qu’il est l’héritier est un peu trop court.

C’est surtout l’expression d’une sorte de jalousie qui n’est pas républicaine. Ce parti charriait des menaces, notamment celle d’une Opa sur l’Etat ainsi que la marginalisation des partis qui accompagnent le président depuis 2002. Mais pour l’Opa, elle n’est pas pire qu’avant la naissance de ce parti et Att n’a pas abandonné ses compagnons du début. Il restait donc l’opportunité que donnait le Pdes dès son lancement : être le creuset de ceux qui se ressemblent et qui  se revendiquent du président, et ce dans le seul but de conquérir, sans coup férir, le pouvoir en 2012. Ce coup est raté. A sa place, fleurissent les coups fourrés, les peaux de bananes et les crocs en jambe. Avec un maître à penser : Narcisse. Une victime directe : Amadou Toumani Touré. Et un blessé collatéral dont le Pdes, disons la vérité, n’est pas le seul à ne pas se soucier : le Mali.

Adam Thiam
Le Républicain 30/11/2011