Edito: La Présidence à Alassane, la Primature à Gbagbo

A défaut de trancher dans le vif le « contentieux » électoral créé de toutes pièces par Laurent Gbagbo, voilà le scénario que nos chefs d’Etat réunis à Addis-Abéba vont vouloir imposer aux deux parties. Et comme Gbagbo ne voudra pas être le Poutine de l’Afrique, il  prendra sa retraite après avoir mis un de ses affidés à la Primature. Et l’on reviendra à la situation qu’a connue  ce pays  après le passage de Seydou Diarra, Charles Konan Banny et Guillaume Soro à la Primature.

L’analyse du communiqué final  publié que nos chefs d’Etat  et de gouvernement  ont sorti de leurs manches de magiciens ne laisse aucun doute là-dessus. Un communiqué qui « réaffirme les décisions antérieures sur la situation en Côte d’Ivoire, en particulier le communiqué de presse publié à l’issue de sa 251ème réunion tenue le  4 décembre 2010 et le communiqué de sa 252ème  réunion tenue le 9 décembre 2010, ainsi que les communiqués de la Conférence des chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO des 7 et  24 décembre 2010, respectivement, reconnaissant M. Alassane Dramane Ouattara comme Président élu à l’issue du scrutin présidentiel du 28 novembre 2010, sur la base des résultats certifiés par le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies, conformément à la résolution 1765 du 16 juillet 2007 et aux différents Accords signés par les parties ivoiriennes et entérinés par la CEDEAO, l’UA et les Nations unies»

« Réaffirme la nécessité d’une solution pacifique rapide qui permette de préserver la démocratie et la paix, à travers le respect de la volonté du peuple ivoirien telle qu’elle a été exprimée le 28 novembre 2010, et favorise une réconciliation durable entre tous les Ivoiriens, à travers le dialogue. »  Le panel composé des 5 chefs d’Etats,  conclura son travail dans un délai qui ne dépassera pas un mois, et ses conclusions, telles qu’elles seront entérinées par le Conseil, seront contraignantes pour toutes les parties ivoiriennes avec lesquelles elles auront été négociées.

En clair nos magiciens reconnaissent la victoire d’Alassane Ouattara qui ne pourra occuper un autre fauteuil que celui de président de la République. Laurent Gbagbo aura en compensation  la Primature où il mettra un homme de la LMP qui formera un gouvernement d’union nationale avec le RHDP.  Et l’honneur est sauf. Un compromis boiteux plus facile à imaginer qu’à mettre en pratique. La Côte d’Ivoire n’étant ni le Zimbabwe ni le Kenya. Les positions se sont tellement figées qu’il est très peu probable qu’une des deux parties accepte cette paix des braves. En attendant les élections législatives qui seront ainsi un véritable 3ème tour de la présidentielle.

A défaut d’instaurer la véritable démocratie, les chefs d’Etats africains viennent de montrer qu’ils sont capables d’en inventer les oripeaux. Quel recul !

Adama Dramé

Le Sphinx 08/02/2011