Edito : La montée des peuples, le malaise des rois

Et si Obama continue à donner un milliard de dollars à Moubarak pour tirer sur un peuple dont le seul tort est un petit désir d’avenir, c’est que d’abord il est lui-même incohérent avec son propre discours et qu’ensuite le peuple américain, lui-même, n’est pas exigeant. Ce n’est pas digne de mettre dans la balance les aspirations légitimes des citoyens égyptiens et le confort d’Israël qui lui n’hésite pas à emprisonner tout le peuple de Palestine, le président Abbas y compris. Dans le mépris le plus total pour l’homme tout court et dans la condescendance coupable de l’Occident moralisateur. Tunisie hier, Egypte aujourd’hui donc, et quel autre pays demain ?

Bienheureux qui pourrait le dire. Cependant au milieu de toutes les inconnues, il y a une certitude : les peuples africains entrent en éruption. Ont moins de soucis à se faire les pays qui ont connu leurs conférences nationales, qui vivent encore des processus démocratiques et de gouvernance plus ou moins louables. Mais partout où le vernis défraîchi dévoile d’épaisses couches de laideurs, où les rois se prennent pour les sauveurs suprêmes et où les oligarques riches de nos Etats pillés narguent une jeunesse désespérée qui préfère la barque même incertaine des passeurs aux horizons bouchés du pays, le danger est grand.  Les rois ont prouvé qu’ils peuvent être nus. Et les sujets ont prouvé qu’ils peuvent être des acteurs.

Adam Thiam 31/01/2011