Edito / Kadhafi et nous

Le cri désormais célèbre de Adame Ba Konaré aura-t-il galvanisé les foules? L’historienne a tapé dans le mille : elle crie à une invasion  adossée au fait accompli, à l’impuissance africaine, et au système de deux poids deux mesures. Les chaumières et les prairies n’en pensaient pas moins comme des Facebookers et internautes, une partie de la classe politique et de l’intelligentsia locale. Si elle a réagi parce qu’elle ne pouvait plus se taire, l’ancienne première dame va devoir entendre les échos de son cri.

Ce n’est pas pour le malheur d’Oumar Mariko, Cheick Omar Cissoko et Victor Sy qui dénoncent  une manoeuvre coloniale contre la Libye. Ou de Mountaga Tall qui depuis la mosquée de Ségou justement offerte par Kadhafi appelle à la fin de la « pluie de bombes sur la Libye ». Nuances  chez d’autres qui choisissent le peuple libyen mais souhaite l’intercession de l’Union africaine pour un retour rapide à la normalité et se préoccupent plutôt  des insurgés de Benghazi. Même au sein des associations religieuses, la division est perceptible. Kadhafi n’est pas la tasse de thé des « sunnites » du Haut Conseil Islamique.

Contrairement à l’Association des Jeunes Musulmans du Mali. Au Nord aussi, il y a ceux pour qui la chute de Kadhafi signifierait la fin des rébellions Touareg, et ceux qui pensent que sans le Guide, le Nord est foutu. Même sans frontières avec le Mali, la Libye, c’est manifeste, est devenue une question de politique intérieure pour les Maliens.

Adam Thiam

Le Républicain 2803/2011