Edito inter / Kadhafi perdra mais Benghazi ne peut plus gagner

Qui, lui, ne recourut qu’à la puissante symbolique de l’immolation, à l’énergie dopante du désespoir, et à la belle rage de vaincre l’arrogance surarmée de la dictature. Personne n’eut à lui larguer des fusils et des munitions, à voter de résolutions pour couvrir sa marche par des armées étrangères. Donc, comparer Benghazi à Sidi Bouzid ou à la Place Tahrir, c’est dévaluer la victoire des peuples tunisien et égyptien, même si la ville frondeuse de la Cyrénaïque a toujours été dans une dynamique de contestation invariablement réprimée par un pouvoir de plomb. Aujourd’hui, les bombes de la résolution 1973 étouffent totalement le cri des insurgés et éclipsent leur combat. P

as qu’eux: les escadrilles de l’Otan font plus  la loi  sur notre sol que les sommets de l’Union africaine. C’est un triste moment d’histoire pour l’Afrique et justifier le pilonnage de la Libye par la longévité -il est vrai  révoltante- de Kadhafi au pouvoir, c’est ajouter l’injure à la blessure.  Le Guide est encore là. Mais ne nous faisons pas d’illusions : autant de superpuissances déchaînées ne peuvent pas ne pas avoir raison de lui, un jour ou l’autre. Ce soir, demain, ou plus tard. Mais, d’avoir tenu jusque-là permet à Kadhafi de démontrer sans peine que ce qu’on  cherche à lui imposer, c’est la démocratie du pétrole. Avec beaucoup moins de légitimité qu’au Sud-soudan. Car le jasmin libyen est brandi, lui, par  des figures emblématiques, qui jusqu’à leur défection, faisaient partie des barons du pouvoir Kadhafi.

Adam Thiam

Le Républicain 19/07/2011