Edito inter / Après Yamoussoukro

Certes,  en raison de la tragédie que vécut la Côte d’Ivoire et qui est encore fraîche dans les mémoires  la preuve de la démesure du « Dioula » qu’ils ont juré d’écarter du pouvoir coûte que coûte. Et c’est vrai que l’investiture du samedi avait un caractère un peu trop planétaire pour quelqu’un qui a du reconquérir son droit par les canons. Mais Yamoussoukro a su créer une émotion qui n’était pas évidente du tout. Et le président investi a eu les accents de sincérité et les mots que son pays et ses voisins avaient besoin d’entendre.

Comme s’il voyait à travers ce sacre le point de départ d’un exorcisme collectif que  recommandait même Paul Yao Ndré, l’homme qui  donna à Gbagbo le fondement légal de la fuite en avant. Le juriste controversé ne venait-il pas de confier à Fraternité-matin que le temps était venu pour la Cour constitutionnelle de s’impliquer dans la normalisation de la vie politique en Côte d’Ivoire ? Sans doute, c’était aussi cela le message de tout le beau monde présent à Yamoussoukro. Ouattara n’a pas pu ne pas le déchiffrer.

Gbagbo n’est plus important, qu’il passe devant la Cpi ou la justice ivoirienne, qu’il passe devant la Commission Justice-Vérité et Réconciliation ou qu’il continue sa fuite en avant nourrie par le sempiternel procès de la France colonialiste. Donc le nouvel homme fort d’Abidjan ne peut se focaliser que sur les urgences de la Côte d’Ivoire. Le pire étant pour lui que ses compatriotes, devant les difficultés non résolues, en arrivent à regretter Gbagbo qui est pourtant le seul responsable de la dernière crise.

Adam Thiam

Le Républicain 23/05/2011