Edito : Alassane et Macky, les deux défenseurs du CFA

Nombreux étaient les citoyens des pays de la zone franc, à applaudir des deux mains à l’annonce de la nouvelle de l’entente des pays de la CEDEAO sur la création d’une monnaie unique, Eco. Pour eux, ce serait la fin du tutorat français sur ses anciennes colonies et surtout de l’asphyxie financière dont les peuples sont victimes. Mais, à la surprise générale,  c’est Alassane Ouattara et Macky Sall qui s’opposent à cette belle initiative au fallacieux prétexte qu’elle est trop risquée. Sans être totalement contre, ils émettent beaucoup de réserves.

A quel jeu Alassane Ouattara et Macky Sall se prêtent-ils en trainant les pieds dans la création de la monnaie unique des pays de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, CEDEAO ? Les Présidents Ivoiriens et Sénégalais, les deux têtes de proues de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine, sont les seuls à être réticents pour la création d’une monnaie unique de la zone. Pour Ouattara, le franc CFA est une monnaie stable et doute de la stabilité, voire  de la fiabilité de l’Eco, la nouvelle monnaie sous régionale. Quant à son homologue sénégalais Macky Sall, il ne voudrait surtout pas brûler les étapes en s’engageant dans une aventure pour le moins risquée. La question que bon nombre se pose est celle de savoir si ces deux chefs d’Etat n’ont pas un agenda politique caché et sachant l’intérêt qu’accorde la France au CFA, ils ne veulent surtout pas heurter cette sensibilité française. Sinon, au moins d’être hors du temps, tout le monde s’accorde à dire aujourd’hui que le CFA est une monnaie à polémique et est considérée comme la principale source du sous-développement des pays francophones. Qui ne se rappelle pas de la grande polémique que les propos du vice-président et d’un député italiens ont suscités, quand ils ont affirmé sans détour que c’est la France qui est à la base du sous-développement de l’Afrique et c’est surtout ce sous-développement qui fait jeter sur la route du Sahara et sur la méditerranée, comme une ruée vers l’or, des africains vers l’Europe et dont l’Italie est l’une des portes d’entrée.  Crime de lèse-majesté,  quand le député  a déchiré publiquement sur un plateau de Télé le billet de dix mille francs CFA. Ce geste a failli créer un incident diplomatique entre la France et l’Italie. Pour ne rien arranger, l’Espagne et l’Allemagne ont emboité le pas à l’Italie pour dénoncer la mainmise française sur l’économie de ses ex-colonies. Macky et ADO sont-ils sourds au cri de détresse de leurs peuples qui sont parmi  les plus pauvres du monde et pourtant leurs pays sont parmi  les plus riches ? Leurs concitoyens vont-ils continuer à croiser les bras face à l’aventure ubuesque de ces deux chefs d’Etat ? Qu’ils comprennent que ces deux chefs d’Etat sont en mission pour la France et non pour leurs peuples. Il revient aux acteurs politiques, aux associations de la société civile de sonner la mobilisation pour s’opposer au projet de déstabilisation, d’exploitation continue, d’appauvrissement, de recolonisation de la France avec le soutien de leurs laquais que sont Macky Sall et Alassane Ouattara.

En somme, l’Afrique Anglophone de la zone CEDEAO voudrait bien sortir les griffes de la France les pays colonisés par les descendants des gaulois, pour qu’ils soient véritablement indépendants. Mais, il y a encore des gens, redevables à la France, qui trainent les pieds. Le processus de désaliénation, d’autonomisation et de décolonisation doit se poursuivre avec ou sans la Côte d’Ivoire et le Sénégal, en tous cas, si telle est la volonté de leurs peuples.

Youssouf Sissoko