Drames de l’émigration : plus de 100 corps repêchés en 2024 au Sénégal, un fléau qui perdure

Malgré des efforts constants depuis 2005, le Sénégal continue de faire face à une tragédie humaine liée à la migration irrégulière. En 2024, plus de 100 corps ont été repêchés en mer au large des côtes sénégalaises, témoignant du drame quotidien que vivent des milliers de jeunes tentant de rejoindre l’Europe par des routes dangereuses.

Le Contrôleur général de police Modou Diagne, Secrétaire permanent du Comité interministériel de lutte contre la migration irrégulière, a révélé ce sombre bilan lors de la cérémonie d’installation des comités régional et départemental de lutte contre la migration à Diourbel, au centre du pays. « En 2024, 105 corps sans vie ont été retrouvés à la suite de naufrages de pirogues », a-t-il déclaré, rappelant que ce chiffre ne tient pas compte de ceux qui restent au fond de l’océan.

Depuis 2014, plus de 71 000 migrants sont portés disparus dans le monde dans le cadre de cette migration irrégulière. Cette hécatombe traduit l’ampleur du phénomène, qui continue de toucher particulièrement la jeunesse sénégalaise, poussée à l’exil par la recherche d’un avenir meilleur.

Face à cette situation, les autorités sénégalaises ont renforcé leurs actions de sensibilisation. « Il est indispensable de déconstruire l’idée selon laquelle l’Europe serait un eldorado », a insisté Modou Diagne. Par ailleurs, des efforts sont déployés pour multiplier les centres de formation professionnelle et promouvoir des projets agricoles afin d’offrir aux jeunes des alternatives viables sur le territoire national.

Sur le corridor ouest-africain, la diminution du flux migratoire est toutefois notable. Selon l’agence européenne Frontex, les arrivées irrégulières sur les frontières extérieures de l’Union européenne ont chuté d’un quart au cours des quatre premiers mois de 2025. La Mauritanie, devenu un point de départ majeur pour les migrants tentant de rejoindre les îles Canaries, a intensifié sa politique migratoire. Plus de 30 000 migrants ont été interceptés sur son sol entre janvier et avril 2025, tandis que 88 réseaux de passeurs ont été démantelés.

Cette politique plus stricte, combinée aux efforts de sensibilisation et de développement au Sénégal, cherche à freiner un exode qui continue pourtant de coûter la vie à trop de personnes. Le défi reste immense, entre espoirs brisés et tragédies silencieuses en mer.

La rédaction

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