Dr BAKARY TRAORE A PROPOS DU RETRAIT DE LA FORCE BARKHANE

«Ce retrait est annonciateur d’une prise en main de notre  destin …»

A propos du retrait de la Barkhane, ses partenaires et du Canada dans le nord du Mali, l’expert en communication, consultant sur les questions sécuritaires au Mali et dans le Sahel, Dr Bakary Traoré parle d’une prise de responsabilité.

Le consultant sur les questions sécuritaires  soutiendra que ce retrait des forces étrangères dans le nord du Mali est annonciateur d’une prise en main de notre destin pour la reconquête de la souveraineté nationale pleine et entière.

Il  précise que cette décision arrive dans un contexte marqué  non seulement par l’insécurité générale, mais aussi par une tension diplomatique entre Bamako et Paris. Ce contexte périlleux, indique l’orateur,  prouve à suffisance que le bilan de la Barkhane est mitigé, comme pour expliquer que si l’opération Serval en 2013 a montré ses preuves, Barkhane et Takuba n’ont pas su donner des résultats probants.

Et d’expliquer qu’il faudra en déduire le déplacement de centre de gravité de la lutte contre le terrorisme dans le Sahel (des régions nord et du centre du Mali vers le Niger et les pays côtiers notamment le Bénin ou la Cote d’ivoire). Et d’ajouter que tout cela se passe au moment ou les Fama sont en train de monter en puissance en détruisant des sanctuaires terroristes dans le nord et le centre du Mali. « Si cette montée des Fama continue, cela va pousser le centre de gravité de terrorisme dans le Sahel  vers les pays côtiers » a-t-il prédit. 

Abordant d’autres sujets d’actualité tels que la crise diplomatique entre le Mali et la France ayant occasionné l’expulsion de l’ambassadeur de France au Mali, il rappelle que le Mali a pris cette décision, suite à la déclaration du ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean Yves-Le Drian, qui a manqué de respect aux autorités de la Transition les qualifiant « junte ». Le gouvernement du Mali, explique-t-il, en a tiré toutes les conséquences… 

A ses dires, le bon sens voulait que l’Etat français négocie avec les autorités de la Transition pour trouver une collaboration franche par rapport au dispositif militaire. Cela n’a pas été le cas. C’est face à cette situation, souligne-t-il,  que  l’Etat malien a justement en toute logique décidé de diversifier son partenariat en faisant appel au partenaire stratégique qui est la Russie.

«  Donc, la France aurait dû anticiper cela. Elle aurait du savoir  qu’à un moment donné, le Mali allait se relever pour reconquérir sa souveraineté au plan militaire, au plan  territorial ainsi qu’au plan diplomatique. Ceci n’a pas été prévu par la France. Finalement, il y a eu d’autres conséquences à la suite de ça. Le Mali a donc demandé la relecture des accords de défenses avec la France » ajoute Dr Traoré.

Pour conclure, il dira qu’en diplomatie, il faut tenir compte du principe de la réciprocité. C’est la France d’abord, poursuit-il,  qui a expulsé il y a deux ans l’ambassadeur du Mali en France, Toumani Djimé Diallo au motif qu’il a fait une déclaration vraiment véridique par rapport au comportement de certains soldats de la mission des Nations Unies au Mali (MINUSMA) à Bamako qui n’était pas catholique par rapport à leur mission.

Lamine BAGAYOGO