DIX-SEPT CANDIDATS CONTESTENT DEJA LES RESULTATS DU PREMIER TOUR Le Mali va-t-il connaitre sa deuxième crise post-électorale après celle de 97 ?

Réunis en conférence de presse, dix-sept candidats sur les vingt-quatre entendent rejeter
les résultats du premier tour si leurs doléances ne sont prises en compte. Mohamed Ali
BATHILY, Soumaïla CISSE, Aliou DIALLO, Mamadou Igor DIARRA, Dramane DEMBELE,
Housseini Amion GUINDO, Modibo KADJOKE, Modibo KONE, Choguel Kokalla MAIGA,
Oumar MARIKO, Kalfa SANOGO, Mamadou O. SIDIBE, Modibo SIDIBE, Mountaga TALL,
Hamadou TOURE, Mme Kanté Djénéba N’Diaye et Moussa Sinko Coulibaly iront-ils
jusqu’au bout pour faire aboutir leurs revendications ? Va-t-on assister à la deuxième crise
après celle de 1997 ?
Les signes avant-coureurs d’une contestation des résultats du premier tour de la
présidentielle sont désormais visibles. La Majorité autour du Président sortant jubile déjà
tandis que l’Opposition crie à un hold-up électoral et bombe ses muscles pour se faire
entendre. Les griefs reprochés au gouvernement sont  entre autres :
L’utilisation abusive des moyens de l’Etat par le président de la République sortant ; une
propagande de l’ensemble du Gouvernement sur le prétendu bilan du président de la
République faussant ainsi de façon flagrante l’égalité de traitement des candidats en
période électorale notamment par les médias publics ; le retrait massif de cartes d’électeur
par des personnes non titulaires et non habilitées ; la Corruption et l’achat du vote des
électeurs à ciel ouvert ; le bourrage d’urnes et attribution de résultats fantaisistes à des
candidats ; l’absence des cartes d’électeur non distribuées dans de nombreux bureaux de
vote en violation de la Loi électorale ; l’utilisation frauduleuse de certaines cartes
d’électeur non retirées ; le non affichage de listes électorales devant certains bureaux ;
l’utilisation illégale de procurations dans certains bureaux de vote.
Elle constate par ailleurs que l’élection n’a pu se tenir dans de nombreuses localités encore
imprécises en termes d’électeurs et de communes concernées.
L’opposition qui jugent ces griefs de gravissimes n’a, pour autant, pas fermé la porte, c’est
pourquoi elle a proposé  au gouvernement notamment : une évaluation de la mise en
œuvre des mesures annoncées lors de la rencontre entre les candidats et le Premier ministre
le 28 juillet 2018 ; la publication de tous les résultats bureau de vote par bureau de vote, la
publication du nombre de procurations utilisé par bureau de vote, la publication de la liste
détaillée des localités et des bureaux de vote où l’élection n’a pu se tenir le 29 juillet 2018.
Le Gouvernement donnera-t-il une suite favorable à la requête de l’Opposition ? De la
réponse à cette cruciale question dépendront l’accalmie ou la crise aux conséquences
graves, surtout pour un pays déjà fragilisé par une crise multidimensionnelle. Les prochains
jours s’annoncent nuageux pour la suite du processus électoral. Mieux vaut prévenir que
guérir, a dit un adage, le Gouvernement est entre le marteau et l’enclume.

Youssouf Sissoko