Divorce entre Iyad Ag Ghaly et la France La main de Dieu est passée par là

iyad ag

Dans la cassette vidéo d’environ 25 minutes qu’il a réalisée pour les besoins de la cause, Iyad Ag Ghaly n’avait pas de mots assez durs pour fustiger le néocolonialisme de la France, dont l’intervention n’a d’autre objectif que de s’accaparer des richesses du Mali, y compris l’uranium.

Qu’est-ce qui a pu bien amener le leader d’Ançar Dine, sauce narco-jihadiste, à sortir de ses gonds et à couvrir d’imprécations la France, qui voulait naguère faire de lui un allié dans la défense de ses intérêts stratégiques dans le nord du Mali, en lieu et place du MNLA, jugé anémique militairement parlant? Allez savoir.

Dans ses diatribes, Iyad Ag Ghaly est allé jusqu’à faire état d’une fatwa décrétée contres les intérêts français et ses autres alliés «croisés» occidentaux. Ses yeux viennent-ils  de se dessiller sur des faits lui prouvant que la France est en train de le manipuler, le mener en bateau?
S’est-il alors brusquement rappelé que c’est la France qui, à travers l’opération Serval, a mis fin à son rêve fou de devenir, peut-être par procuration, le Président d’un Mali qu’il a largement contribué à mettre à genoux, lorsque, après qu’à la tête d’un groupe de narco-jihadistes comprenant  naturellement son Ançar Dine, AQMI, le MUJAO et d’autres entités de la nébuleuse du crime international, il eut pris Konna, prêt alors à foncer sur Ségou, puis Bamako? Allez savoir.

Toujours est-il que plusieurs leçons est à tirer de cette sortie musclée du seigneur de guerre du septentrion malien. Elle nous conforte dans notre opinion que la France, loin de venir au secours d’un pays ami en difficulté à sa demande, a volé, avant  tout, pour la défense de ses intérêts – miniers et géostratégiques – comme peut en témoigner éloquemment l’épineux dossier de Kidal. On peut considérer que ce qu’Iyad Ag Ghaly prétend divulguer n’est, en réalité, qu’un secret de Polichinelle. Ce qui atteste du bien-fondé de ce que nous avions déjà écrit dans ces colonnes à propos d’un «bal masqué et un marché de dupes dans le septentrion malien».

Nous écrivions aussi récemment que la France joue avec le feu en tentant de manipuler les narco-jihadistes, s’agissant de sa propre sécurité. Avec cette sortie d’Iyad Ag Ghaly,  nous ne croyions pas si bien dire. Pour avoir dénoncé, à juste raison, les menées néocolonialistes de la France, Iyad Ag Ghaly peut-il en devenir un allié objectif pour le Mali? Que non! Loin s’en faut.

Ses déclarations sont loin d’être un clin d’œil pour le Mali qu’il n’a, au demeurant, jamais porté dans son cœur. C’est plutôt un appel du pied en direction d’éventuels parrains. Le fait de livrer son message dans un arabe littéraire n’est pas du tout innocent. L’homme est connu pour sa grande capacité manœuvrière, ses intrigues et son aptitude à rebondir. Mais ne dit-on pas que tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se casse?

N’a-t-il pas joué un rôle déterminant dans la libération des otages français enlevés au Niger, certainement moyennant finances? Au regard de la teneur de la cassette vidéo, il n’a pas encore abandonné son projet irréaliste de créer son narco-émirat dans le septentrion malien. Cette scène de ménage qu’il vient d’avoir avec la France n’est pas sans rappeler le film du célèbre réalisateur José Giovanni, «Les loups entre eux».
Nous n’oublierons jamais que c’est lui, Iyad Ag Ghaly, qui a été l’instigateur du massacre d’Aguelhock, une scène d’horreur qui l’a vu, aidé alors des éléments d’AQMI, du MUJAO et d’autres criminels, exécuter froidement une centaine de soldats désarmés et à court de munitions.

Iyad Ag Ghaly est un homme qui reçu tout du Mali, y compris un poste de Consul à Djeddah, que l’ancien Président, ATT, lui avait offert sur un plateau d’argent. En retour, le monsieur a payé sa patrie en monnaie de singe, en lui vouant une haine inextinguible. Le clash entre lui et la France est une manifestation de la justice immanente, car Allah déteste l’ingratitude, qui fait partie des péchés capitaux en Islam.

Incapable de décrypter les nombreux signes de Dieu, la France a, elle aussi, appris à ses dépens qu’on ne complote pas impunément sur le dos du Mali. Aux autorités maliennes de pendre leurs responsabilités et de faire preuve de la plus grande vigilance, en ne mésestimant pas la capacité de nuisance de Iyad Ag Ghaly, car chaque fois que l’homme hausse le ton, c’est qu’il est assuré, quelque part, d’un soutien.

L’Algérie, qui est considérée comme son parrain potentiel, se doit de jouer franc jeu dans le dossier du septentrion malien. La France, enfin, doit tirer toutes les leçons de ce récent développement et jouer la carte de la realpolitik, en abandonnant ses projets chimériques. Quel autre acte «le bal masqué et le marché de dupes dans le Sahel malien» nous réservent-ils encore?

Yaya Sidibé 2014-08-11 00:37:27