DEFICIT BUDGETAIRE: Dr Boubou Cissé souffre dans le silence

Actuellement appréciée par le Fonds monétaire international (FMI) qui note une croissance tablant autour de 6 à 7%, la situation macro économique du Mali reste malade au fond. Les autorités en charge de l’Economie souffrent dans le silence à cause d’un déficit budgétaire de plus de 1100 milliards de FCFA qui s’est cumulé entre 2013 et 2017 et qu’elles cherchent toujours à combler.

 

La bonne santé de l’économie cache mal le cumul de déficit budgétaire contracté depuis 2013 s’élevant à plus de 1100 milliards de FCFA, dont la génération future se trouve redevable. Ce trou de 1100 milliards de FCFA créé depuis 2013 est reparti comme suit :31 milliards 560 millions de FCFA en 2013 ; 41 milliards 324 millions de FCFA en 2014 ; 123 milliards 87 millions de FCFA en 2015 ; 174 milliards 77 millions de FCFA en 2016 ; 356 milliards 183 millions de FCFA en 2017 ; et 373 milliards 153 millions de FCFA annoncé pour 2018. Cela représente un cumul de près de 1100 milliards de FCFA que la génération future doit payer aux créanciers de l’Etat malien. Cette situation a été abordée lors d’un séminaire de formation, d’information et de sensibilisation des Hommes de medias sur le processus du basculement de la gestion budgétaire en mode budget-programmes au Mali.

Ce séminaire a été organisé par le ministère de l’Economie et des Finances à travers la Direction Générale du Budget en novembre 2017 à l’Hôtel El Farouk (Kempeski) de Bamako. La cérémonie d’ouverture était présidée par le représentant du ministre de l’Economie et des Finances, Sidiki Traoré, Directeur Général du Budget, en présence de nombreuses autres personnalités. « A partir du 1er Janvier 2018, notre pays basculera en budget-programmes comme la plupart des Etats membres de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA). La mise en œuvre effective du budget-programmes constitue le couronnement de plusieurs années de réforme dans la gestion des finances publiques ». Il a rappelé que « le budget-programmes est un mode de gestion budgétaire qui permet de mettre en relation l’utilisation de crédits budgétaires et les politiques publiques mises en œuvre ». Selon Sidiki Traoré, en mars 2016, le gouvernement du Mali a adopté la structure des programmes budgétaires. Par la même occasion, dit-il, il a validé les critères de désignation des responsables de programme. « Je voudrai vous rassurer que le ministère de l’Economie et des Finances, à travers la Direction Générale du Budget, procèdera à d’autres formations sur d’autres thèmes spécifiques dans l’objectif de vous familiariser davantage au processus de gestion budgétaire en mode programme », a indiqué le directeur général du budget. Plusieurs thèmes ont été abordés sur les généralités sur la mise en œuvre du budget-programmes, les innovations dans le cadre du processus d’élaboration du budget en mode programme, les acteurs de l’exécution du budget et leur rôle, et le système de contrôle en gestion budgétaire par programme. Dans leurs exposés, les experts ont fait savoir que le budget- programmes est une méthode d’allocation des ressources budgétaires en tenant compte des orientations des politiques publiques. « La clé de ce type de budget est donc le « programme », c’est-à-dire un objectif de politique publique auxquels sont associés les moyens nécessaires pour l’accomplir. La classification budgétaire n’est plus basée sur la structure des services et sur la nature de la dépense, mais sur les programmes et donc sur les finalités des politiques publiques », a expliqué Djougal Yanoga qui a traité le premier thème.

La dette publique n’est pas une fatalité !

Selon l’expert Yanoga, chaque année, le gouvernement transmet à l’Assemblée nationale : un document de programmation budgétaire et économique pluriannuel (DPBEP) élaboré sur la base du cadrage macroéconomique, définissant, en fonction d’hypothèses économiques réalistes, l’évolution sur une période minimum de trois ans, pour les administrations publiques, de l’ensemble de leurs recettes et dépenses, les besoins ou capacités de financement, éléments de financement et niveau global d’endettement. Sur la base de ce document, dit-il, l’Assemblée nationale organise, au plus tard le 30 juin, un débat d’orientation budgétaire (DOB). A ses dires, à travers ce DOB, l’Assemblée nationale a l’opportunité d’infléchir en amont, avant la finalisation du projet de loi de finances initiale, les priorités assignées à l’action publique et les grands choix budgétaires associés.

Au cours de cet atelier et les échanges, le cumul des déficits budgétaires a été évoquée avec insistance. Ainsi, on retient que le déficit budgétaire de 2013 est de 31 milliards 560 millions de FCFA ; celui de 2014 est de 41 milliards 324 millions de FCFA ; 123 milliards 87 millions de FCFA en 2015 ; 174 milliards 77 millions de FCFA en 2016 ; le déficit budgétaire de 2017 est de 356 milliards 183 millions de FCFA ; celui de 2018 est estimé à 373 milliards 153 millions de FCFA, soit un cumul de près de 1100 milliards de FCFA que la génération future doit impérativement payer. Selon le directeur général adjoint du budget, Bakary Coulibaly, la question de déficit budgétaire au Mali est réelle et inquiétante. Mais selon lui, le Mali n’est pas le seul pays au monde dans ce cas. « Les pays les plus développés ont des budgets déficitaires. Au Mali, on a une marge pour pouvoir s’endetter encore. Le stock de la dette publique est estimé en 2016 à 2 835, 5 milliards de FCFA dont 1 749, 1 milliards de FCFA (61,7%) de la dette extérieure et 1 086,4 milliards (38,3%) de dette intérieure. Pour l’année 2017, le besoin de financement de l’Etat correspondant au plafond d’endettement ressort 628 milliards de FCFA contre 585 milliards de FCFA en 2016 soit environ 7% du PIB », a souligné le DGA du budget.

Youssouf Z KEITA

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