Décharge finale des déchets solides de Noumoubougou La voirie et Ozone-Mali dénoncent la conception Le ministère de l’Environnement dément

Suite à notre article, paru dans notre édition n°619 du lundi 22 février dernier, intitulé : « Décharge finale des déchets de Bamako, les populations de Noumoubougou en colère », nous avons recensé moult réactions.
La première est celle du ministre en charge de l’Environnement, Ousmane Koné, qui persiste et signe : « Si les ordures de Bamako doivent nuire à d’autres, elles resteront sur place. Je n’accepterais pas que Bamako soit propre au détriment de la santé de quelque population malienne que ce soit. Nous avons entrepris des échanges avec les habitants de Noumoubougou, le chef de village et les élus, pour leur expliquer le projet. Ils ont bien compris et y ont adhéré ».

Du côté de la jeunesse de Noumoubougou, les jeunes disent attendre impatiemment l’emploi que cela va générer pour le village.

« La cellule de coordination, nous a-t-on dit, est inopérante alors que depuis une dizaine de jours, Ozone-Mali déverse à l’air libre les déchets solides, au lieu de les acheminer dans la cellule, construite à cet effet. Si cela continue, sans que le département ne fasse pas son travail, consistant à les acheminer dans la cellule, les odeurs nauséabondes, les mouches, les rats et autres conséquences pourraient mettre mal à l’aise la population. Il est donc temps qu’au fur et à mesure qu’Ozone –Mali décharge les déchets qu’ils soient rapidement traités. Sinon, nous auront du mal un jour à contenir les jeunes », nous a expliqué un conseiller communal, qui a requis l’anonymat.

Au niveau du District de Bamako, nous avons rencontré le Directeur de la Voirie, Oumar Konaté. Selon lui, le projet remonte à 2001. « Il s’agit de la stratégie de gestion des déchets solides à Bamako. Il a été préparé et lancé par la Banque Mondiale, les travaux, exécutés par des Chinois pour plusieurs milliards de nos francs, ont démarré en 2009, la réception définitive de la cellule a eu lieu le 29 décembre 2015. Seulement voilà : la conception n’a pas été bonne et la couche d’étanchéité pour éviter l’infiltration d’un liquide dangereux, le lixiviat, n’a pas été respectée. Elle n’est pas conforme à la norme. Le véritable problème, c’est que techniquement, la protection de la biomembrane a été très mal faite. Aujourd’hui, même un piéton s’embourbe dans la cellule a fortiori des camions. En clair, les normes n’ont pas été respectées », a expliqué Konaté. A la question de savoir s’il n’y avait pas de bureau de contrôle, il a répondu : « interrogez le ministère de l’Environnement qui en est le maitre d’ouvrage ».

En plus de ce problème technique, Konaté soutient que les voies d’accès pour les gros porteurs ne sont pas bonnes et qu’il n’existe pas de voies aménagées entre l’aire de stockage et la cellule. S’y ajoute une rampe qui dépasse la pente maximale de 7%, donc hors norme. Résultat : les camions ne peuvent pas accéder à la cellule. « Tout camion qui entre dans la cellule ne pourra pas en sortir », a insisté Konaté. Ce qui fait que les camions sont obligés, a t-il dit, de prendre une autre déviation pour déverser les déchets, non pas dans la cellule mais à l’air libre. Le ministère s’était engagé à les acheminer dans la cellule, ce qui traine, selon Konaté, avec l’action néfaste du vent. Il est catégorique : « Il n’est pas recommandé de déverser les déchets au sol, à l’air libre, pendant que l’intérieur de la cellule est impraticable et ne peut pas recevoir des déchets ».

Ces affirmations sont balayées du revers de la main par le Chargé de communication du ministre de l’Environnement, Markatié Daou. Selon lui, tous les techniciens sont unanimes qu’il n’y a pas d’infiltration. « C’est une ONG qui a fait une étude, mal interprétée. Au niveau de la géo membrane, pas d’infiltration possible. Le seul problème, c’est bien la rampe », a-t-il expliqué. Avant d’ajouter : « Le département va acheter des tricycles pour récupérer les déchets déposés à l’air libre afin de les acheminer dans la cellule pour traitement. Les femmes de Noumoubougou sont mobilisées pour cette cause. Seulement voilà : notre difficulté, c’est qu’à Ozone- Mali, il n’y a pas d’engagement, il n’y a pas de matériels adéquats pour la mission. Les camions qui sont là ne remplissent pas les conditions de transport requises. Malgré tout, le ministre prône la concertation pour qu’ensemble nous puissions trouver les solutions idoines »

Quant au Directeur général d’Ozone-Mali, Adil Guissi, il soutient que malgré les difficultés de Noumoubougou, sa société n’a jamais refusé de transporter les déchets. « Mon inquiétude est de continuer à déverser les déchets, sans suite au niveau de la plateforme de 4 ha. Si le ministère ne fait rien pour les acheminer dans la cellule, des problèmes vont se poser à nous tous », a-t-il fait observer.

Ensuite, il a relevé le problème de voies d’accès à la cellule et celui de la rampe. Il dit également que la cellule est mal faite sinon sa société possède plus de 98 camions, comprenant des bennes-tasseuses, des bennes-satellites, des bennes travaux publics, les gros porteurs… Il jure, la main sur le cœur, qu’Ozone Mali possède les compétences humaines, techniques et matérielles pour bien faire le travail. Enfin, il a fait remarquer que son personnel est régulièrement payé alors que, jusqu’à présent, les 50% de la facture 2015 ne sont pas soldées.

Alors vivement que les Chinois reviennent régler les problèmes techniques, que l’Etat règle la question de la rampe et que Noumoubougou commence à fonctionner normalement, dans l’intérêt des Bamakois et, bien sûr, des villageois qui entendent tirer profit à travers des emplois locaux. A suivre.

Chahana Takiou