Le PDG de la BMS inculpé par le Pôle économique Le notaire Kanda Keïta également accusé

Incroyable mais vrai : le puissant PDG de la BMS, Babaly Bah, vient d’être inculpé pour faux et usage de faux par le 6ème Cabinet du Tribunal de la Commune III, en l’occurrence par le jeune juge Kansaye, logé au 1er étage du Pôle économique de Bamako où sont interrogés les délinquants financiers.

Poursuivi par plusieurs groupes de clients pour des malversations financières et faux usage de faux, Babaly Bah, qui devrait normalement être en prison, est libre malgré cette charge. Il est libre parce qu’il a de l’argent. Il est aussi libre parce qu’il demeure bien introduit à la primature et dans le système actuel. Il est libre parce qu’il ne dort pas la nuit et sait faire les bonnes démarches, sauf que le jeune Kansaye n’a pas cédé à l’appât du gain facile, en résistant aux pressions multiformes.

Parmi ceux qui ont saisi la justice contre Babaly Bah figure en bonne place le groupe de Mme Simpara Saran Traoré. Il est composé, outre de cette respectueuse dame, de Daouda Moussa Koné (promoteur d’écoles), Baba Tangara (entrepreneur) et Boubacar Coulibaly (entrepreneur).

Ces quatre clients en contentieux avec la BMS avaient constitué Mme Bintou Camara, un expert comptable-Commissaire aux comptes, gérante du Cabinet MAECO pour clarifier la situation. Cette femme, d’un âge respectueux, d’une sagesse reconnue, bien adulée dans les milieux bancaires puisque que c’est bien elle qui épluche chaque année les comptes de la BDM et de plusieurs établissements financiers de la place, a établi un rapport qui épingle la BMS.

S’agissant du cas de Mme Simpara pour lequel Babaly Bah vient d’être inculpé pour faux et usage de faux, ce prestigieux cabinet constate sur le plan financier, l’existence d’un compte ordinaire et d’un compte reflet, opérations effectuées par la BMS sur ledit compte à l’insu de Mme Simpara, la mise en place de quatre prêts effectués par la même banque par simulation, des surfacturations sur trois semi-remorques, commissions sur cautions, des agios provenant du compte reflet, des retraits de chèques non justifiés, des transferts de fonds non justifiés, des achats de devises non justifiés, soit un montant total de deux milliards cent soixante dix huit millions deux cent cinquante trois mille cent six.

Ce n’est pas tout, Babaly Bah est fortement soupçonné d’avoir profité d’un voyage aux USA de Mme Simpara pour fabriquer du faux, avec la complicité le cabinet d’un notaire bien connu de la place, Mamadou Kanda Keïta, inculpé pour le même motif avec Babaly Bah (nous reviendrons sur ce cas). En effet, le 11 février 2011, la pauvre dame a été endettée à travers une fantomatique convention portant sur plus de 806 millions, avec imitation de sa signature, pendant qu’elle n’était pas à Bamako. Son passeport et son billet d’avion en font foi. De retour du pays de l’Oncle Sam, Mme Simpara a constaté des anomalies sur son compte. Elle a donc demandé l’intervention d’un cabinet d’audit pour voir clair. L’appel de cette expertise est sans appel : la BMS devrait restituer à Mme Simpara, en tout, la somme de 2,3 milliards de nos francs. De même, elle devrait, à en croire l’expertise 260,4 millions à Boubacar Coulibaly et 905 millions de francs et 1,8 millions à Baba Tangara. A suivre.

Chahana Takiou