DEBUT DES CONCERTATIONS NATIONALES ORGANISEE PAR LE CNSP Une autre page, glorieuse ou sombre, de l’histoire du Mali en cours au CICB ?

ASSIMI GOITA

Ils sont quelques centaines de participants, venus de tous les horizons,  de toutes les corporations syndicales, de toutes les obédiences sociopolitiques, à se donner rendez-vous au Centre International des Conférences de Bamako, CICB pour parler du Mali et de l’après IBK. Ces journées de concertations sont organisées par la junte militaire qui a mis fin à sept ans de gestion familiale et chaotique d’IBK. Elles doivent, officiellement, permettre de jeter les bases d’un nouveau Mali et surtout de sortir de plus de huit ans de crise multiforme, consécutive à un autre coup d’Etat perpétré par le Capitaine Amadou Haya Sanogo et ses compagnons.  Ces trois journées de concertations  vont-elles être mises à profit par les participants pour diagnostiquer véritablement le mal malien ? Les jalons d’un Mali Koura vont-ils être posés pour mettre fin à ce cycle infernal des coups d’Etat à répétition ? Le CNSP remettra-t-il le pouvoir aux civils au terme des travaux ?

Ils sont venus de toutes les régions, du District de Bamako et de la diaspora pour participer aux journées de concertations  nationales organisées par le CNSP. La cérémonie d’ouverture était présidée par le Président du CNSP, le Colonel Major Assimi Goita qui avait à ses côtés certains membres du Comité dirigeant. Empreinte de solennité, la cérémonie d’ouverture a permis à l’homme fort du Mali de situer les concertations nationales dans leur contexte réel, celui de jeter les bases d’un Mali nouveau, après la chute du régime IBK. Après avoir égrené le chapelet des maux qui minent notre patrie et qui ont justifié l’action des militaires et par conséquent à se retrouver sur la scène politique. Il dit fonder de l’espoir qu’à l’issue de ces concertations, des résolutions fortes vont être faites permettant au pays de sortir de la crise multidimensionnelle.

N’a-t-on pas coutume d’entendre qu’entre ce qui se dit et ce qui se fait,  il y a un  fossé  abyssal, surtout quand on a des ambitions personnelles ? Le discours tenu pour la cérémonie d’ouverture était de bon aloi, il était rassembleur et semble séduire  l’auditoire.   Mais tout porte à croire que  derrière ce beau discours se cache une ambition démesurée, voire une prétention énorme. La junte militaire semble avoir son agenda clairement établi  qui  est de diriger la transition. Et pourtant, Assimi Goita et ses compagnons sont suffisamment avertis et savent également que la politique est incompatible avec la tenue militaire. Ils ont, au terme de ces concertations, une occasion idoine d’écrire l’une des pages les plus  glorieuses de l’histoire de notre jeune démocratie en remettant le pouvoir aux civils. Toute autre option est un danger pour la junte et un risque énorme pour le Mali, qui croule déjà sous le poids de l’embargo de la CEDEAO. Assimi Goita et ses frères d’armes, après le coup d’Etat le plus élégant  jamais fait au Mali, doivent se mettre au-dessus de la mêlée en restant sourds aux sirènes des opportunistes et autres chercheurs de places pour n’avoir qu’un seul agenda celui de la paix, de la  stabilité et du développement.

En définitive, la montagne va-t-elle accoucher d’une souris ? On le saura le 12 septembre, date de la fin des journées de concertations. Mais d’ores et déjà, les prémices d’une prolongation de la crise malienne et surtout de la souffrance du peuple sont visibles. La junte militaire a tout simplement l’intention de garder le pouvoir ne serait-ce que pendant la durée de la transition ; ce qui serait aux antipodes des principes de la CEDEAO, de l’UA, de l’UE et des Nations Unies. Les participants à ce forum de trois jours vont-ils être complices de la descente aux enfers du peuple malien en plébiscitant le CNSP ?

Youssouf Sissoko