Darfour : le procès d’un chef de milice s’ouvre devant la CPI

Ali Muhammad Ali Abd-Al-Rahman, ancien chef de la milice janjawid, doit répondre de 31 chefs d’accusation pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis au Darfour.

C’est le premier procès de ce genre sur les crimes commis lors du conflit au Darfour. Un conflit qui a causé, selon l’Onu, la mort de 300.000 personnes entre 2003 et 2008 et poussé deux millions d’autres à fuir.

Elise Keppler, directrice adjointe du Programme justice internationale de Human Rights Watch, nous dit en quoi ce procès est très important.

Retranscription de l’interview

Elise Keppler : C’est un moment très significatif. C’est quelqu’un qui est accusé de crimes de guerre et crimes contre l’humanité sur une très longue période et c’est le premier moment pour lui d’être devant les juges. Et c’est la première fois que la justice a l’opportunité de se pencher sur les crimes très graves au Darfour. Nous sommes 20 ans après les crimes et c’est possible d’avoir la justice même si cela fait très longtemps.

DW : C’est la première fois donc que la CPI, la Cour pénale internationale, ouvre un procès sur les crimes commis au Darfour. C’est ça?
Elise Keppler : Oui, absolument. C’est la première fois d’avoir un procès sur les crimes du Darfour DW : Est ce que d’autres responsables de la milice janjawid pourraient comparaître?
Elise Keppler : Oui, c’est très important. Il y a quatre autres personnes qui sont cherchées par la CPI, y compris l’ancien président Omar el-Béchir. C’est très important d’avoir les autorités soudanaises qui transfèrent des suspects et ça, c’est nécessaire pour la justice. C’est un premier moment et c’est nécessaire d’avoir les autres suspects à La Haye pour avoir la justice pour les victimes au Darfour parce qu’il y a des abus qui continuent au Darfour et c’est absolument nécessaire de casser l’expérience d’impunité.

DW : Est ce que la milice janjawid continue de sévir au Darfour ou est ce qu’ils ont mis fin à leurs activités ?
Elise Keppler : On n’utilise pas maintenant le nom janjawid. C’est vrai que maintenant on parle « des milices », mais il y a encore des groupes armés locaux qui commettent des abus et le gouvernement n’empêche pas ces abus. Donc il y a encore des crimes, des abus contre les gens au Darfour et c’est nécessaire d’avoir plus de sécurité et aussi d’avoir un signal qu’on ne peut pas continuer ces abus comme ça, sans conséquence. Donc c’est vraiment nécessaire d’avoir la justice et de commencer une nouvelle expérience au Darfour.

DW : Selon vous donc les violences se poursuivent au Darfour, c’est ça?
Elise Keppler : Oui, exactement.
Georges Ibrahim Tounkara

Source: DW.com