Burkina : verdict imminent sur l’assassinat de Thomas Sankara

(FILES) This picture taken on September 2, 1986, during a non-aligned summit in Harare, shows Captain Thomas Sankara, then President of Burkina Faso, during a press conference. Burkina Faso government orders slain leader Thomas Sankara's corpse exhumed to be able to identify formally, according to official sources on March 5, 2015. Sankara was assassinated in 1987 during a coup. AFP PHOTO FILES

Après six mois d’audiences et de rebondissements liés au coup d’Etat du 24 janvier, le verdict du procès des assassins présumés de l’ancien président burkinabè Thomas Sankara est attendu ce mercredi 6 avril.

Plus de 34 ans après la mort de Thomas Sankara, le procès historique de ses assassins présumés devant le tribunal militaire de Ouagadougou touche à sa fin. Ouvert en octobre 2021, il a été perturbé par le coup d’Etat mené le 24 janvier du lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, qui a renversé le président élu Roch Marc Christian Kaboré.Suspendu au lendemain du putsch, puis le 31 janvier, il a repris lorsque la junte a rétabli la Constitution, avant d’être de nouveau interrompu suite à la prestation de serment du lieutenant-colonel Damiba devant le Conseil constitutionnel, le 16 février.

La défense avait alors dénoncé le fait que le parquet militaire demandait des condamnations pour « attentat à la sûreté de l’Etat », alors que le putsch du 24 janvier, validé par le Conseil constitutionnel, constituait en lui-même un « attentat à la sûreté de l’Etat ».

Cet argument a été jugé « non fondé » par le Conseil constitutionnel, permettant la reprise du procès.Jusqu’à 30 ans de prison requis contre 14 accusés
Quatorze personnes attendent donc leur verdict ce mercredi 6 avril 2022, au terme d’un procès qui aura duré six mois.

Un procès au cours duquel le principal accusé a brillé par son absence : Blaise Compaoré, l’ancien président du Burkina porté au pouvoir, justement, à la faveur du coup d’État contre Thomas Sankara. Il vit en exil à Abidjan depuis sa chute en 2014 et n’a pas assisté aux audiences.

Même si ses avocats ont dénoncé « un procès politique » devant « une juridiction d’exception », l’ex-chef de l’État risque trente ans de prison ferme pour avoir commandité l’assassinat de son ancien compagnon d’armes et ami.

Le parquet du tribunal militaire de Ouagadougou a requis la même peine contre Hyacinthe Kafando, ancien commandant de la garde de Blaise Compaoré. Autre grand absent de ce procès, il est en fuite depuis 2016 et accusé d' »assassinat ».Aucun coupable, aucun regret
Les douze autres accusés ont pour leur part assisté au procès. Parmi eux, le général Gilbert Diendéré. Il était un des chefs de l’armée lors du putsch de 1987 mais purge déjà une peine de vingt ans pour la tentative de coup d’Etat de 2015. Le parquet a requis vingt ans de prison pour les mêmes chefs d’inculpation que Blaise Compaoré, en plus de « la subornation de témoins ».

Comme la plupart des accusés présents, il a plaidé non coupable.34 ans après les faits, aucun des accusés n’a avoué ni montré de regrets pour l’assassinat de Thomas Sankara, un président mort à 37 ans qui voulait « décoloniser les mentalités » et bouleverser l’ordre mondial en prenant la défense des pauvres et des opprimés.

Anne Le Touzé, Avec agences
Source: DW.com