Crise politique au Mali : le Barreau s’exprime et appelle à un retour aux valeurs républicaines

Dans un contexte politique marqué par la suspension des activités des partis politiques, le Barreau du Mali rompt avec sa traditionnelle réserve pour lancer un appel solennel en faveur d’un retour à l’État de droit. À travers une déclaration officielle rendue publique ce jeudi, l’Ordre des Avocats du Mali (OAM) prend position de manière inédite, appelant les autorités et les forces vives du pays à un sursaut républicain.

« Le Barreau du Mali, soucieux de son indépendance, ne saurait rester en observateur passif de la situation actuelle que vit le peuple malien », déclare le texte, signé par le Bâtonnier Maître Ousmane Bouba Traoré.

Cette prise de parole, qualifiée de « grave et responsable », marque un tournant : le Barreau, garant du droit et des libertés, s’inquiète de la dérive institutionnelle et de la remise en cause de principes démocratiques fondamentaux.

Un avertissement face aux dérives autoritaires

La décision de suspendre les partis politiques, jugée liberticide par de nombreux observateurs, constitue le point de cristallisation d’une tension politique croissante. Pour le Barreau, cette mesure fragilise le pluralisme politique et les droits constitutionnels.

À travers sa déclaration n°007/OAM/BAT/OBT, l’Ordre en appelle à la responsabilité collective pour préserver la paix sociale et prévenir une rupture durable avec les fondements républicains. Il exhorte les pouvoirs publics à garantir les libertés individuelles et à instaurer un dialogue national « inclusif et sincère ».

Une voix juridique pour sauver l’unité nationale

Le Barreau du Mali, traditionnellement discret dans les affaires politiques, rappelle ici son rôle de vigie démocratique. Il insiste sur l’importance de préserver l’unité nationale et de favoriser la retenue, alors que la défiance entre institutions et citoyens s’intensifie.

« Toute tentative de marginalisation de l’État de droit pourrait engendrer des conséquences irréversibles pour la stabilité du pays », a averti Maître Traoré.

Cette déclaration intervient dans une période où les institutions sont affaiblies, la société civile fragmentée, et les tensions sociales exacerbées.

Réaffirmer la primauté du droit

Plus qu’un simple appel, la sortie du silence du Barreau est un signal fort. Elle réaffirme que, même en période de transition, le respect des principes démocratiques et des institutions reste non négociable.

Alors que le pays est à la croisée des chemins, le message des avocats est sans équivoque : nul n’est au-dessus de la loi. Le Mali ne pourra espérer une reconstruction politique durable qu’en s’appuyant sur la boussole de l’État de droit.

La rédaction

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