CRISE MALIENNE ET RELATIONS INTERNATIONALES

 

D’après une information mise en ligne par le célèbre site français, à l’origine de plusieurs affaires sales dont le dernier est celle concernant l’ancien ministre du Budget du gouvernement Jean-Marc Ayrault, Jérôme Cahuzac qui fait actuellement grand bruit dans le milieu politique français, Aminata Dramane Traoré et Dr. Oumar Mariko figureraient tous les deux sur une liste informelle de personnalités politiques et de la société civile malienne, considérées à tort ou à raison « comme dangereuses pour la sécurité et des menaces potentielles à l’ordre public » par certains pays européens et américains. En conséquence, ils ne peuvent plus voyager librement comme ils l’entendent dans ou vers certaines destinations.

 

Pour preuve, les deux personnalités ci-dessus citées devraient se rendre récemment en Allemagne, invitées à une conférence organisée à Berlin, par la Fondation Rosa Luxemburg, le journal allemand de gauche Prokla et l’Association  »AfricAvenir. Ladite rencontre devait traiter de la thématique : « Le Mali à la croisée des chemins : Après l’intervention militaire et avant les élections ».

 

Toujours selon la même source, il s’agit d’une part d’Aminata Traoré l’une des très rares femmes africaines politiques francophones connue et reconnue comme leader d’opinion, largement appréciée pour ses idées progressistes et dont la voix porte au Mali et hors du Mali, et d’autre part du secrétaire général du parti politique malien anti-impérialiste  »Solidarité africaine pour la démocratie et l’indépendance » (Sadi), Dr. Oumar Mariko.

 

Invités officiellement pour participer aux travaux de la Conférence, ils se sont vus refuser par les services consulaires français de Bamako une demande de visa pour participer aux débats d’information en Europe, sur la situation socio-politique du Mali.

 

Pour Aminata Traoré, il s’agissait de poursuivre, après ses toutes récentes interventions au Forum social mondial (FSM), ses combats pacifiques militants contre l’intervention des forces armées françaises dans son pays et contre les recommandations faites aux pouvoirs maliens d’entreprendre des élections dès juillet, dans un contexte non encore apaisé, d’insécurité et de crise entre les populations du Nord et du Sud du pays. De son côté, Dr. Oumar Mariko devait intervenir au Parlement européen à Bruxelles sur la crise au Mali.

 

Les raisons avancées par les services du consulat de France à Bamako auraient été fondées par les prises de position des deux leaders maliens inscrits sur une « liste informelle de personnes interdites de voyage en France pour leur soutien présumé au coup d’Etat du capitaine Amadou Haya Sanogo », le tombeur du régime démocratique d’Amadou Toumani Touré en mars 2012.

 

De leur côté, les autorités allemandes et la Fondation Rosa-Luxemburg auraient conseillé dans l’urgence à Aminata Traoré et à Oumar Mariko de passer par le consulat d’Allemagne à Bamako qui a accordé un sauf-conduit, en lieu et place du visa demandé, pour un déplacement encadré pour Aminata Traoré.

 

Il a par contre refusé tout document à Oumar Mariko, le considérant comme « présentant un danger pour l’ordre public, la sécurité nationale, la santé publique ou pour les relations internationales avec un ou plusieurs Etats membres de l’Union européenne et ne peut convaincre de sa disponibilité à quitter l’espace européen avant l’expiration de son visa ».

 

Médiapart précise qu’Oumar Mariko n’aurait pas été surpris outre mesure de ce refus, pour avoir été dernièrement débarqué d’un vol en partance pour les USA, lors d’une escale à Paris et renvoyé manu militari sur Bamako, par la police française.

 

Bien que ce soit des mesures qui portent atteintes aux droits, notamment ceux relatifs à la liberté de mouvement, de déplacement et d’aller et venir, il faut convenir qu’elles ne surprennent guère surtout lorsqu’on se rappelle des virulentes sorties médiatiques des deux personnalités concernées ici, vis-à-vis de la communauté internationale dans son ensemble par rapport à la gestion de la profonde crise qui secoue notre pays depuis les tristes événements du 22 mars 2012 et dont les conséquences ont failli faire basculer le Mali dans le chaos et l’abîme pour bien longtemps, n’eut été l’intervention prompte et énergique de la France à travers l’opération Serval le 11 janvier 2013.

 

C’est dire aussi que nulle ne saurait désormais s’abriter derrière ses activités politiques ou son combat altermondialiste pour piétiner les règles élémentaires en matière de relations internationales. En un mot, la liberté de chacun s’arrête toujours là où commence celle des autres !

 

En toute chose, il faut toujours savoir raison garder !

 

Bréhima Sidibé l’indicateur 2013-04-19 23:29:48