Créées pour brasser les subventions de l’Etat

Autorisées afin de renforcer l’offre de structures d’éducation, les écoles privées ont du mal à dispenser un enseignement de qualité

Selon un rapport élaboré suite à une étude commanditée par le Mouvement international pour la renaissance d’une Afrique Unie (MIREAU-Mali), il est apparu un aperçu sur le système éducatif malien, le financement de l’Education nationale et des propositions d’actions de recevabilité sur les subventions accordées aux écoles privées. 

A titre de rappel, le budget national de 2013 se chiffrait en dépenses à 1057,3 milliards Francs CFA. La part affectée à l’éducation représente 24,04 % contre 5,20 % pour les autres secteurs sociaux réunis. Le secteur des mines, des industries, du commerce, de l’artisanat, de la micro-finance et de l’énergie recevait alors 38 % du budget général. 

Quant à la subvention accordée par l’Etat aux écoles privées en se basant sur la plus faible hypothèse (l’Etat paie 80 000 F CFA par élève et par an au niveau de l’enseignement secondaire général), l’Etat a versé au moins 4 473 920 000 F CFA aux écoles privées rien que pour les élèves nouvellement admis au DEF pour l’année scolaire 2013-2014. Rapporté aux trois années du cycle du lycée, on estime ce montant à 13 421 760 000 F CFA par an. 

Le taux des transferts et subventions effectués sur le budget de l’Etat n’atteint pas 5 % du budget du MEN. Il s’agit là des transferts et subventions qui incluent, outre les fonds alloués aux établissements d’enseignement secondaire, des transferts et subventions accordés à d’autres ordres de l’enseignement.

Et selon une étude sur le financement de l’enseignement supérieur au Mali (Rapport finale mars 2019), le financement étatique est de loin le plus important. L’Etat malien accorde une grande priorité budgétaire à l’éducation avec près du tiers de son budget contre le quart dans l’espace CEDEAO. 

Le hic, c’est que les promoteurs sont le plus souvent intéressés par ces subventions de l’Etats que par la qualité de l’enseignement  dispensé. Et naturellement, qu’ils sont nombreux à recourir à tous les moyens illégaux afin d’avoir le plus d’élèves orientés dans leurs établissements pour brasser plus de subventions. Et ils profitent du laxisme de l’Etat peu regardant sur la qualité de l’enseignement, l’état des infrastructures d’accueil ainsi que la présence physique des élèves orientés. Ainsi, il n’est pas rare de voire un élève comptabilisé dans l’établissement où il a été orienté et l’école où il a été finalement transféré. Ainsi l’Etat paye deux fois pour le même élève.

Et c’est de bonne guère que Mme Sidibé Dédéou Ousmane soit déterminée à nettoyer les écuries d’Augias. Les premières conclusions des investigations initiées montrent l’ampleur de la fraude dans ce secteur. «Les chiffres des effectifs fictifs décelés cette année lors du contrôle des écoles privées sont effrayants», a-t-elle avoué le 22 mai dernier dans son passage dans l’émission «Mali Kura Taasira» !

M.B