Côte d’Ivoire : Tidjane Thiam reconduit à la tête du PDCI mais toujours écarté de la présidentielle

Tidjane Thiam a été réélu à la tête du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) avec un score écrasant de 99,77 %, à l’issue d’un congrès extraordinaire organisé à Abidjan, en région et à l’étranger. Une victoire attendue pour l’ancien ministre et ex-patron de Credit Suisse, devenu en un an la figure centrale de l’opposition ivoirienne. Mais ce plébiscite interne n’efface pas la principale inconnue de sa trajectoire : son impossibilité, à ce jour, de concourir à l’élection présidentielle de 2025.

Radié des listes électorales en 2022 pour cause de double nationalité, Thiam a renoncé à sa nationalité française en mars dernier. Une démarche insuffisante pour rétablir ses droits civiques, en l’absence de révision des listes par la Commission électorale indépendante (CEI). Officiellement, les autorités n’ont pas engagé de processus en ce sens. Résultat : le président du principal parti d’opposition demeure inéligible.

La réélection intervient dans un climat tendu, deux jours après la démission surprise de Thiam, destinée à désamorcer une procédure judiciaire contestée portant sur sa nationalité au moment de son élection initiale en décembre 2023. Une manœuvre tactique suivie d’un retour immédiat, salué comme un acte de défi politique par ses partisans.

Malgré les incertitudes, le PDCI affiche l’unité. Pour les cadres du parti, Thiam reste l’unique candidat crédible pour 2025. « Il n’y a pas de plan B », insiste la militante Elisabeth Golli. Une posture qui reflète aussi l’impasse actuelle : plusieurs figures majeures de l’opposition, comme Laurent Gbagbo ou Guillaume Soro, sont elles aussi exclues du jeu électoral.

Ce verrouillage alimente les critiques contre le pouvoir en place. Les proches de Thiam dénoncent une instrumentalisation de la justice à des fins politiques. Le gouvernement, de son côté, affirme que la loi s’applique à tous, et que la CEI est indépendante.

Pour l’heure, Tidjane Thiam reste donc en position de force… mais à l’extérieur de la course. En attendant un éventuel tournant juridique ou politique, il demeure un acteur central mais suspendu du paysage ivoirien, entre légitimité populaire et obstacles institutionnels.

La rédaction

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