Collectif Touche pas à ma constitution / Un meeting pour dire non


ATT n’a pas la volonté de remettre en cause sa décision de doter le Mali d’une nouvelle constitution qui viendra créer plus de problèmes qu’elle n’en résout.  Des associations maliennes, des partis  politiques et des organisations de la société civile ont mis sur pied une structure dénommée « Collectif  touche pas à ma constitution », avec la ferme volonté de faire échec à la volonté présidentielle. Sous l’égide de ce collectif, le Mali devait enregistrer, le 19 novembre 2011, une marche grandiose pour demander au Président ATT de renoncer à son référendum constitutionnel et de faire plutôt face aux questions brûlantes de l’heure qui risquent de saper à jamais les efforts consentis pour le développement de notre pays. Mais pour des petits problèmes d’aiguillage, cette marche n’aura pas lieu à la date annoncée.

Elle a été reportée pour le 30 novembre 2011. Mais en lieu et place le « Collectif touche pas à ma constitution » convie les Maliens à un grand meeting à la Pyramide du Souvenir le 19 novembre 2011. Il n’y a aucun doute, en plus du développement des différents argumentaires qui militent en faveur de la suspension du processus de révision de la constitution, ce meeting sera mis à contribution pour dénoncer l’attitude de certains responsables d’organisations historiques de notre pays, notamment ceux de  l’AMS-UNEEM. A la sortie d’une journée d’information sur le projet de révision constitutionnelle, malgré des réserves majeures,  l’amicale des membres et sympathisants de l’Union nationale des élèves et étudiants du Mali (AMS-UNEEM) a franchi le rubicond en soutenant ouvertement la réforme constitutionnelle.

Il n’en fallait pas plus pour que Daniel Amagoin Tessougué vole dans les plumes de ses camarades. « Présenter des images hors propos pour faire passer un message insidieux de soutien à un projet anti-démocratique, ne devrait pas être une pratique pour une association dont la frange saine a toujours été du côté du Peuple souverain », a-t-il publié le 14 novembre 2011, chez notre confrère « Les Echos ». Selon l’émérite magistrat, « dans son journal télévisé du samedi 12 novembre 2011, l’ORTM en présentant l’élément relatif à l’adhésion au projet hasardeux de révision constitutionnelle de l’AMS-UNEEM a cru devoir présenter l’image d’Oumar Mariko et de Daniel Amagoin Tessougué ».

Plus loin il explique : « Nous avions été invités au Centre international des Conférences de Bamako pour défendre la position du NON !, dans un débat contradictoire avec le camp d’en face, favorable au OUI ! Dès que j’ai vu le programme à l’entame, j’ai interpellé les organisateurs sur la méthodologie, flairant le coup fourré, vu le déséquilibre entre les parties.

Le Président d’honneur de l’AMS-UNEEM, Tiébilé Dramé avec sagesse a conseillé à l’association d’éviter une prise de position, capable de créer la dissension dans une amicale ». Avant conclure « que l’organe dirigeant de l’AMS-UNEEM décide de soutenir ATT, parce que nombre de ses membres ont des intérêts personnels à défendre, c’est son problème. Mais il n’a aucunement le droit de semer l’amalgame. C’est un geste inélégant et intellectuellement inadmissible ». Pour sa part, Dr Oumar Mariko a été formel. « Ce qui c’est passé avec l’AMS-UNEEM le week-end dernier, c’est de la pure manipulation. Des conseillers du Président de la République, notamment Harouna Barry et le ministre Daba Diawara, en désespoir de cause,  utilisent des coups médiatiques en manipulant des images de l’ORTM en dehors des normes d’éthique et de la déontologie pour induire la population dans l’erreur », a-t-il déclaré. Il n’y aucun doute, le meeting du 19 novembre 2011, sera le lieu d’appeler tous les patriotes sincères à ne voir que l’intérêt supérieur du Mali et du peuple malien.

Et, Daniel Amagouin Tessougué a donné le ton :   « nous ne sommes pas en faveur de ce projet ‘’démocraticide’’  et nous avertissons en conséquence que ceux qui feront en sorte qu’un tel attelage institutionnel voit le jour dans notre pays, répondront devant le peuple tôt ou tard des crises qui en naîtront ». A l’instar des Maliens à l’intérieur du Mali, ceux résidant en France se sont regroupés dans une structure dénommée le « Front du Non à la nouvelle constitution ». Le 14 novembre 2011, ce front a déposé sur la table de Mme Cissé Mariam Kaïdama Sidibé, Premier ministre du Mali, une lettre ouverte accompagnée de l’Appel du 26 août. Dans sa lettre ouverte, le Front est on ne peut plus clair.

« Bien que partageant le souci honorable du Président de la République de moderniser les institutions politiques de notre pays, une telle entreprise nous paraît inopportune du fait du calendrier électoral pour 2012 et du caractère dispendieux de l’effet cumulatif des trois consultations électorales en un an », a-t-il indiqué. Avant d’ajouter : « Nous vous saurions infiniment gré de préserver notre pays d’une opération contre-productive et onéreuse, et inopérante en l’état d’un fichier électoral à la fiabilité problématique.

De plus, l’initiative de «coupler» l’élection présidentielle et le référendum constitutionnel – deux consultations éminemment majeures et distinctes, en rajoute à la confusion en dévalorisant plutôt la haute portée considérable de chacune d’elles ». Pour conclure, le Front a rappelé à Madame le Premier ministre : « Certes, la ‘’Loi fondamentale’’ du Mali n’est pas immuable et peut être soumise à réforme. Mais une telle hypothèse devrait pouvoir s’envisager dans un contexte apaisé et d’échanges francs. Si tel devait être le cas, cela devrait se faire dans la transparence démocratique et la sérénité, avec notre préférence qu’une telle possibilité ressortisse de la responsabilité du président élu en 2012 ! »

Assane Koné

Le Républicain 17/11/2011