Cinéma et folklore se donnent rendez-vous sur les berges du fleuve Niger

Du 26 au 30 novembre 2010, la commune rurale de Nyamina a enregistré une animation particulière. Projections de films par-ci, animation folklorique et conférences débat par-là. Tels sont les éléments qui ont constitué le programme de la 7ème édition des Rencontres cinématographiques de Bamako et du festival de Nyamina. Démarré à Bamako, le vendredi 26 novembre 2010, par une visite des membres de l’UCECAO venus des pays de l’Afrique de l’ouest aux notabilités, notamment à la famille Touré de Bagadadji et à la famille paternelle de Souleymane Cissé, à Bozola, le festival a démarré par une projection de films de jeunes réalisateurs au cinéma Babemba.

Mais, c’est à Nyamina que Ibrahima N’diaye, ministre de l’emploi et de la formation professionnelle, accompagné de Soungalo Bouaré, gouverneur de la région de Koulikoro, a présidé la cérémonie d’ouverture du festival, le samedi 27 novembre 2010, à Nyamina. Pour colorer cette cérémonie d’ouverture, le comité d’organisation a fait venir des villages de la localités des troupes folkloriques qui ont émerveillé avec la danse du « Bondjalan », du « baara » et le « Sokolo » des somonos. Après le retrait des officiels, les troupes folkloriques ont tenu la population de Nyamina et les festivaliers venus pour la plupart de Bamako et des différentes localités du pays, en haleine jusque tard dans la nuit. Le dimanche, dans la matinée, au moment où des troupes folkloriques égaillaient un côté de grande bourgade, pour le plaisir de certains festivaliers, d’autres prenaient place sous le grand arbre qui surplombe le fleuve Niger, tout juste derrière l’école centenaire de Nyamina, pour participer aux conférences débats.

Idrissa Ouédraogo, célèbre réalisateur burkinabé, fut le premier à prendre la parole pour retracer le parcours du cinéma africain pendant les cinquante années passées. Selon lui, s’il fut une époque où le cinéma africain bénéficiait de plusieurs guichets au niveau international pour son financement, avec la crise économique, tous les guichets ont fermé. « En l’absence de ces guichets, les cinéastes africains ont perdu tous leurs moyens de financement, parce que les Etats africains n’ont jamais accordé au cinéma la place qu’il mérite », a-t-il déclaré. Avant de se réjouir de l’avènement des nouvelles technologies de l’information, bien que les vrais professionnels africains les aient boudées. Selon lui, cela a permis à des individus de s’autoproclamer réalisateurs pour faire des films de moindre qualité.

Idrissa Ouédraogo a néanmoins estimé que les nouvelles technologies pourraient être une très bonne opportunité pour le cinéma africain. Pour sa part, Souad Houssein, responsable du cinéma à l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), est intervenu sur le thème du financement du cinéma africain. Après avoir indiqué que le Mali pouvait être un fer de lance du cinéma africain, elle a informé les réalisateurs vénus du Mali, du Sénégal, du Togo et de la Guinée Conakry, de la volonté de l’OIF de travailler en étroite collaboration avec la Fédération panafricaine du cinéma (FEPACI) pour mettre sur pied, en 2011, un fonds de financement du cinéma africain. En plus de ces rencontres professionnelles, deux grandes conférences débats ont regroupé tous ceux qui aspirent au développement de la commune de Nyamina composée de 55 villages. La première conférence a porté sur le rôle et la place des femmes dans le développement de Nyamina et la deuxième sur l’aménagement des plaines agricoles de la localité.

En ce qui concerne les projections de films, le festival de cette année a réservé une place de choix à des films lauréats de l’étalon de Yennega. Il y eu la projection des films des jeunes vidéastes et des jeunes réalisateurs. La clôture du festival, présidée par Lahaou Touré, chef de cabinet du ministère de l’emploi et de la formation professionnelle, à la berge de Nyamina, a été agrémentée par une course de pirogues et une animation folklorique avec la participation des artistes comme Naïni Diabaté et Mariam Bagayogo. Ce fut aussi le moment où les récompenses ont été décernées. Un prix d’encouragement dénommé Prix Oumar Ganda a été décerné au jeune vidéaste Kassim Sanogo pour sa réalisation « Le trajet ».

Il a été récompensé de la somme de 150 000 FCFA. Une mention spéciale a été rendue a Dédéou Adiaviakoye de Mopti pour son film « Cinéma : un secteur menacé ». Dans la catégorie réalisateurs en herbes, le Prix Tahar, au nom du fondateur des journées cinématographiques de Carthage, a été remis au film « Studio Malick Sidibé » de Youssouf Cissé. La mention spéciale et d’encouragement dans cette catégorie a été décernée au film « Mbah Mousso » de Soussaba Cissé. Moulaye Koné, maire de Nyamina a remis le prix spécial de la ville de Nyamina à Salif Keita dit Domingo, parrain de la 7ème édition. Le grand prix N’Fa Cissé  d’une valeur 500 000 Fcfa a été remis à Rachid Boucharek.

Assane Koné

Le Républicain 02/12/2010