Chronique du vendredi / Oui, pourvu que ce soit pour le Mali

Ensuite, on est surpris par  l’info d’une toute récente rencontre Mohamed Ag Nagim, le chef militaire du Mnla et le Colonel Gamou.  Or  à ce qu’on sache,  le Mnla ne fait pas partie des solutions du Mali. Il est même un de ses problèmes, pour avoir été le porte-avion bruyant des troupes salafistes aujourd’hui maîtres incontestés du terrain. Sans communication préalable  -mais là ce n’est pas la mission de Gamou- et sans inventaire, il sera difficile, voire conflictuel plus tard de faire admettre les combattants du Mnla dans les troupes loyalistes.

La moindre des précautions à prendre c’est de faire officiellement abdiquer ce mouvement de ses déclarations indépendantistes. Pour le reste, les viols, les exactions, les violences,  il s’offre deux pistes : celle de la justice et celle du pardon  à obtenir des communautés agressées plutôt que d’un Etat qui reste devoir le travail de mémoire et de repentance pour ses abus dans les rébellions précédentes.

Reste que  la poignée de main  entre l’héritier biologique de Da Monzon et l’héritier générique de Firhoun reflète la  riche diversité du Mali. Et qu’elle est très belle et noble puisqu’elle entre dans la cadre de la reconquête du Nord malien. Car chaque jour sans l’armée à Gao, Tombouctou ou Kidal est un jour de trop pour des populations colonisées et une nation humiliée.

Chaque jour de plus dans ce calvaire est un jour de trop. Vivement  la libération et la liberté pour nos frères et sœurs, ceux et celles qui sont restées sur place comme ceux et celles qui durent partir malgré eux. Le plus beau cadeau que l’Etat puisse leur offrir en ce moment c’est de leur offrir un mois de ramadan sans captivité. Hélas,  le temps et les agendas ne semblent pas concourir à une  si rapide issue.

Or il y a péril en la demeure. Les jihadistes exploitent leur avantage et connaissent la valeur tactique du temps qu’ils utiliseront pour s’incruster là où ils sont déjà  et entretenir  des cellules dormantes ailleurs, notamment dans les villes du Sud, et ce dans un but dissuasif. Il pourrait être tard pour nous quand nous aurons fini nos querelles existentielles au Sud et avec nos atermoiements sur la nécessité ou non de troupes étrangères pour la reconstitution du pays amputé qui doit rassembler sa fierté, défendre son honneur et abandonner les postures battues d’avance. En d’autres termes, l’argument foireux de la souveraineté à préserver.

Car la poignée de main historique entre Cheick Modibo Diarra et son colonel a eu lieu à Niamey. Car enfin, même Aqmi, sur ce plan, a une longueur d’avance sur nous. A Tombouctou, sa police est assurée par un Tchadien et un Sénégalais, les questions d’électricité sont gérées par un Tunisien, l’hôpital par un Algérien. Et le tout dans la fraternité complice des idéologues pakistanais et afghans.                                                                                                               Adam Thiam