C’est pour ne pas paraître hypocrite que je n’ai pas parlé de Moussa Traoré

Dans un entretien à bâton rompu, le président du parti majoritaire, Dioncounda Traoré, est revenu sur l’épisode de son discours d’ouverture de la rentrée parlementaire et son refus de parler du régime militaire du Général Moussa Traoré dans son bilan des 50 premières années de l’existence de la République du Mali. « Durant cinquante ans, le président Modibo Kéïta et ses compagnons, après avoir conduit notre pays à la souveraineté politique, ont procédé à de très grandes reformes telles celles de l’Education nationale, ont créé de nombreuses unités industrielles et ouvert de nombreux chantiers économiques, sociaux et culturels pour assurer les premiers pas du Mali indépendant. Vingt trois ans après la première République, le président Alpha Oumar Konaré et ses camarades, après quatorze mois d’une transition conduite par le lieutenant-colonel Amadou Toumani Touré, se sont vu confier par le peuple malien, la redoutable mission d’organiser la troisième République, de conduire notre processus de démocratisation et de créer un Etat respectueux des droits fondamentaux et de la dignité de l’Homme », avait déclaré à l’occasion le Pr Dioncouda Traoré.

Ces propos ont provoqué un tollé au sein de l’opinion nationale où certains avaient reproché au Pr Traoré son esprit de revanche. Le docteur Abdoulaye Sall de Cri 2002 a même dénoncé une violation de la constitution. « Quand au moment où tout le monde appelle à de telles valeurs sociétales, des discours à l’allure d’apartheid sont prononcés, c’est vraiment regrettable. Au Mali, on n’a pas fait pire qu’au Rwanda, mais aujourd’hui ce peuple est en train d’appeler à la réconciliation nationale. Bientôt je vais monter au créneau pour dénoncer de telles bavures. D’ailleurs le discours en question viole la constitution, car, il y est indiqué que tout mandat impératif est nul », avait-il expliqué.

En marge de la conférence de presse organisée le 13 novembre dernier à la Maison de la Presse, le président de l’Adéma et de l’Assemblée nationale a décidé de répondre à ces accusations en justifiant son attitude. « J’ai fait express en ne pas parlant du règne de Moussa Traoré, car, si je devrais parler de lui dans mon discours, c’était pour lui dire des choses déplaisantes. Moi, je ne suis pas un hypocrite, je dis ce que je pense. Ne poussez pas les gens à être hypocrite et c’est pour ne pas paraître hypocrite que je n’ai pas parlé de Moussa, car je n’allais pas lui dire de bonnes choses. Vous savez que j’ai été un martyre du régime Moussa »  a justifié le probable futur candidat à la candidature de l’Adema-PASJ à l’élection présidentielle de 2012.

Quant aux accusations selon lesquelles il a prêché pour sa chapelle politique en se servant de sa position de l’Assemblée nationale et en violant au passage la constitution qui stipule que tout mandat impératif est nul, sa  réponse est sans équivoque: « la constitution n’a pas été violée et nulle part il n’est écrit que tout mandat impératif est nul. Je n’ai pas non plus confondu la présidence de l’Adéma/PASJ à celle de l’Assemblée nationale. J’ai prêché pour la majorité des maliennes qui continue de faire confiance à l’Adéma/PASJ ». Visiblement, la réconciliation nationale n’est pas pour demain au Mali

Abdoulaye Diakité

Indicateur 22/11/2010