CENTRE D’ÉTUDES DES SCIENCES ET TECHNIQUES DE L’INFORMATION :  Soumeylou Boubèye Maïga immortalisé par la 52e promotion

Les trente-trois étudiants de la 52ᵉ promotion du Centre d’études des sciences et techniques de l’information (CESTI) de l’Université Cheick Anta Diop de Dakar (UCAD/Sénégal) ont reçu leur diplôme de fin de formation jeudi dernier (22 mai 2025). Une remise qui coïncidait aussi avec le 60ᵉ anniversaire de cette prestigieuse école de journalisme de l’UCAD. Et le Mali était particulièrement à l’honneur, car la promotion a été baptisée du nom du regretté Soumeylou Boubèye Maïga (né le 8 juin 1954 à Gao et mort le 21 mars 2022 à Bamako), un pur produit de l’établissement. Pour la circonstance, en plus de la famille et des proches de l’estimé parrain, l’Amicale des anciens étudiants maliens du Cesti (AMA-CESTI) était bien représentée.

 

Le jeudi 22 mai 2025, le Centre d’études des sciences et techniques de l’information (CESTI) de l’Université Cheick Anta Diop de Dakar (UCAD/Sénégal) a célébré la mémoire de Soumeylou Boubèye Maïga, en le désignant parrain de sa 52ᵉ promotion. Cette promotion compte 33 nouveaux journalistes, répartis entre 12 spécialisés en presse écrite, 11 en radio et 10 en télévision.

«Au nom de l’Amicale que je dirige, je voudrais vous dire, que c’est avec une profonde émotion et une immense fierté que nous accueillons ici et maintenant, votre décision portant parrainage de la 52ᵉ promotion du Cesti de Dakar du nom de Soumeylou Boubèye Maïga, illustre fils du Mali, homme d’État émérite, diplomate chevronné et brillant journaliste formé ici même, au cœur de cette prestigieuse institution», a déclaré Tiégoum Boubèye Maïga (TBM), jeune frère du regretté parrain et président de l’Amicale des anciens étudiants du Cesti (AMA-CESTI).

«En décidant de baptiser la 52ᵉ promotion d’une si prestigieuse école de journalisme du nom de l’ancien Premier ministre du Mali, Monsieur Soumeylou Boubèye Maïga, la Direction générale du Cesti fait l’honneur au Mali. Nous ne pouvons que dire MERCI», a-t-il ajouté.  Et de rappeler que, au-delà de l’homme, de sa famille, de sa communauté et de sa corporation, «c’est l’ensemble de l’Amicale dont il a été membre fondateur qui s’en trouve dignement honoré… Nous saluons cette initiative forte, porteuse de mémoire et de reconnaissance…».

«À l’évidence, notre message ne saurait être un simple discours de circonstance. Il est celui de toute une nation unie dans un élan panafricaniste et solidaire, pour tout l’idéal que n’a jamais cessé d’incarner Soumeylou», a poursuivi T.B. Maïga. «Son parcours force le respect : du journaliste scrupuleux au dirigeant visionnaire, il n’a jamais cessé d’honorer ses racines et de défendre les idéaux d’un continent digne et souverain. Le Cesti a été pour lui, comme pour tant d’autres, un creuset de savoir, un tremplin vers l’excellence», a-t-il souligné. Aux jeunes de la promotion «Soumeylou Boubèye Maïga», Tiégoum a rappelé une citation de Victor Hugo qui était chère à son parrain : «Tenter, braver, persister, persévérer, s’être fidèle à soi-même, prendre corps à corps le destin, tenir tête, tenir bon. Voilà l’exemple dont les peuples ont besoin et la lumière qui les électrise» !

 

Une qualité de formation préservée au fil des décennies malgré des défis énormes

Le Directeur général du Cesti, M. Mamadou Ndiaye, a abondé dans le même en rendant un hommage appuyé au défunt «Tigre» de Badala, un nom qui continue à faire trembler ses rivaux et ses détracteurs. Le premier responsable du Cesti a présenté le parrain comme un «leader avec une capacité d’écoute énorme, une culture politique avérée, un homme généreux qui avait beaucoup de qualités, une intelligence vive, une grande curiosité qui en a fait un journaliste bien informé, très critique et aux analyses bien documentées et pertinentes». Le Cesti demeure toujours cette référence en Afrique de l’Ouest et sur le continent à cause de la prestigieuse image véhiculée par des ambassadeurs exceptionnels comme Soumeylou. «Il symbolise cette école qui a toujours formé des journalistes critiques, bien informés et engagés», s’est réjouie Mamadou Ndiaye comme pour expliquer que le choix porté sur «SBM» ne devait rien au hasard et à la complaisance.

La cérémonie de remise des diplômes a coïncidé aussi avec le 60ᵉ anniversaire du Cesti. «Le seuil des 60 ans constitue un symbole social fort. Loin d’être un marqueur biologique, 60 ans signifient pour le Cesti le début d’une décennie d’innovation, de sauts qualitatifs, de projets d’enthousiasme et de changements positifs», a souligné le Directeur général. Et M. Ndiaye de rappeler «le contexte difficile» dans lequel intervient cette cérémonie de graduation». Il (contexte) est surtout marqué par l’affaiblissement de l’environnement des médias et un processus de réorganisation du secteur.

Ce qui se traduit évidemment par la situation économique «désastreuse» des entreprises de presse, «la précarité» dans laquelle évoluent les journalistes et «l’obsolescence» de certaines dispositions du code de la presse (au Sénégal notamment) jugées en «déphasage avec les pratiques journalistiques actuelles». Heureusement, les sortants du Cesti sont bien formés et bien préparés à s’adapter à tous les environnements, à relever tous les défis en faisant preuve de résilience. À l’attention des nouveaux diplômés, le DG a rappelé : «vous avez bénéficié d’une bonne formation. Nul doute que ceux qui cherchent la qualité feront appel à vous et y mettront le prix».

 À l’issue de cette émouvante cérémonie de reconnaissance, on retient surtout que «les grands journalistes ne meurent jamais» ! Réputé être «un talent journalistique incontestable», Soumeylou était l’un d’entre eux ! Mieux, en plus d’être un journaliste chevronné, il a occupé plusieurs hauts postes, notamment (entre autres) chef des services de renseignements, ministre des Affaires étrangères, Secrétaire général de la présidence du Mali et Premier ministre du Mali du 30 décembre 2017 au 23 avril 2019. Sans compter les responsabilités assumées à l’extérieur comme notamment expert de l’Union africaine dans la prévention et la lutte contre le terrorisme.

Gageons que, comme leur parrain, les sortants de la 52ᵉ promotion sont conscients qu’ils sont désormais les ambassadeurs d’une école qui forme des journalistes professionnels depuis six décennies. Ce défi est à leur portée si, comme l’a souhaité Tiégoum Boubèye Maïga, s’ils parviennent à toujours s’inspirer de «la détermination, du patriotisme et de l’intégrité», de Soumeylou Boubèye Maïga dont ils sont dorénavant le symbole de «l’immortalité» !

Moussa Bolly