Ce que le Nord veut, ce que l’Etat peut

Deuxième constat, le dialogue peut être tenté même avec ceux qui coupent les mains et fouettent les couples adultères. Un dialogue autour d’une réalité que les nouveaux colons auront appris à leurs dépens : à savoir qu’il est plus facile de conquérir avec la kalach que d’administrer  le territoire conquis avec des ressources durables et adéquates. L’initiative purement et exclusivement citoyenne qu’est la Coalition pour le Mali et où se côtoient des adversaires politiques, des apolitiques, des ressortissants du Nord comme d’autres régions du pays, ouvre donc une voie qui n’est pas inintéressante pour la transition. Laquelle sera jugée sur les pas concrets faits pour délivrer des citoyens maliens du joug de l’oppression ainsi que de la reconquête de l’intégrité territoriale perdue.  Reste à voir cependant jusqu’où les islamistes accepteront de négocier l’application de la charia, leur seule identité et jusqu’où l’Etat malien acceptera de questionner son approche de la laïcité. Cela vaut dans une certaine mesure pour les revendications indépendantistes du Mnla et les concessions qu’un Etat inclusif plutôt que jacobin peut faire.  Les passions sont déjà très vives sur ces sujets. Elles cachent mal autant les angoisses de la démocratie libérale que des blessures d’amour propre de citoyens auxquels ces réflexions ne sont pas proposée mais imposées. La Coalition pour le Mali aura fait œuvre utile si elle peut être l’espace dépassionné du nécessaire dialogue sur l’Etat réajusté de nos  besoins à la place de l’Etat friable de nos orgueils.

Adam Thiam

Le Republicain

29 Août 2012