Campagne rizicole / Quand Abou Sow met à mal l’Office riz

 

Les connaisseurs de la zone s’accordent à reconnaitre qu’avec certaines mesures et précautions, on aurait pu sauver certains casiers, notamment à Konodimini et Farako. Les mesures les plus élémentaires n’étaient autres choses que se lever tôt et mettre de l’eau. Par ces mesures, au moins avec l’ancien casier de Konodimini d’environ 3000 ha et celui de Farako 3 600 ha, on aurait pu produire la moitié des récoltes habituelles, d’avis de producteurs de la zone. De ce fait, le sinistre qui a frappé les paysans cette année n’est pas à mettre entièrement au compte de la nature, mais il y a aussi la négligence coupable de certains responsables qui méritent une interpellation sur leur responsabilité.     

Comment peut-on comprendre que depuis le lancement de la campagne, en fin juin, le ministre délégué auprès du Premier ministre chargé du Développement intégré de l’Office du Niger, Abou Sow, n’y est pas retourné pour s’imprégner de la situation. La zone a été laissée à elle-même. Et malgré le sinistre, le ministre ne s’est pas présenté aux paysans, ne serait-ce que pour leur apporter le soutien moral du responsable qu’il est dans ce contexte. De sources proches du milieu, le ministre serait beaucoup plus préoccupé par les marchés.   

Le lancement du PADERITKT par le Président de la République en novembre n’a pu se faire. Il y a des blocages dans ce dossier et le ministre Abou Sow reste sans souci face à cette situation. Ce projet devrait aménager 1271 ha dans le casier Tien Kono dans la zone de Dioro en maîtrise totale, pour sécuriser la production dans la plaine de Tamani, particulièrement la plaine de Famana dans le casier de Tamani. Ce projet devrait, aussi, sécuriser sur le plan hydraulique près de 2850 ha. Ces retards ont sans doute une incidence sur le malheur des populations de ces zones. De constat d’experts, l’Office riz ne pourra récolter cette année que sur 12 000 ha dont la redevance eau pourra couvrir à peine le salaire du personnel conventionnel. Ce qui augure des problèmes. L’Office riz Ségou est retombé à son niveau de dégradation de 1990-91 où l’Etat avait décidé de sa fermeture.   

En 2009, les superficies récoltables de l’Office riz étaient à 32 000 ha. Elles sont tombées à 12 000 ha cette année à la même période. Il y a manifestement un manque de suivi non seulement du département en charge, mais aussi de l’Equipe de l’office du riz Ségou. Dans ce contexte, faire croire au Président de la République que tout va bien relèverait de la duperie.

Par ailleurs, à  l’Office du Niger, le ministre a réorganisé le système d’attribution du marché. C’est le département, à travers son chef de Cabinet, qui préside désormais, depuis le mois d’août dernier, les séances d’ouverture, de dépouillement et d’attribution de marchés. A cet effet, toutes les entreprises de grands travaux sont reçues par le chef de Cabinet, via le ministre. Il n’y a plus d’autonomie de l’Office du Niger, ce sont des hommes de mains et des anciens bagnards qui dirigent. Comme si tout cela ne suffisait pas, le ministre Abou Sow s’érige en défenseur de l’opérateur des grandes malversations, Diadié Bâ. Et ce pour désinformer le peuple et le Président de la République.                

B. Daou

Le Républicain 06/12/2011