Bureau du vérificateur général : Sidi Sosso Diarra fait le point

 

Le vérificateur général, Sidi Sosso Diarra, a animé une conférence de presse, dont le thème portait sur son bilan, samedi dernier, au Centre international de conférence de Bamako. De 2004 à 2011, a-t-il dit, le budget de fonctionnement du Bureau du vérificateur général (BVG) s’est élevé à 2,8 milliards de Fcfa par an. Le BVG, a-t-il soutenu, a également bénéficié, à partir de l’année 2008, d’un financement de l’ACDI d’un montant d’environ 2 milliards de Fcfa sur trois ans. ‘’ Concernant la vérification financière, sur la période de 2004 à 2010, a dit Sidi Sosso Diarra, le BVG a effectué 102 vérifications financières dans 79 entités. Ces vérifications ont mis en lumière près de 388,09 milliards de Fcfa de manque à gagner pour le Trésor public et les entités vérifiées. Une attention particulière a été accordée  aux services d’assiette et de recouvrements qui ont connu 25 missions avec des déperditions financières d’environ 25% de manque à gagner total. ‘’

La conférence de presse de défiance du gouvernement tenue le 10 février 2011, selon Sidi Sosso Diarra,  repose sur un document produit par le contrôle général des services publics, qui est une entité d’audit interne. Or, le Vérificateur général est une entité d’audit externe.  Concernant l’expression manque à gagner, le Vérificateur général a précisé : ‘’c’est un terme bien connu dans le domaine de la comptabilité. Il s’agit d’une perte constatée sur un bénéfice envisageable ou prévu (par exemple, perte de revenu faute de collecter une taxe douanière). Dans le rapport annuel du BVG Mali, le manque à gagner est tout montant qui aurait dû être dans les caisses de l’Etat si tout avait été fait dans le strict respect de la loi et des principes de la comptabilité publique. Il faut noter que les manques à gagner ne sont pas tous recouvrables. ‘’

De nombreuses institutions supérieures, a signalé le vérificateur général, utilisent couramment l’expression manque à gagner : la Cour des comptes et la Cour de cassation, en France ; le Bureau du Vérificateur général du Canada et celui du Québec ; en Grande Bretagne, the United Kingdom National Audit Office, la Banque Mondiale et l’OCDE composée des 20 pays les plus industrialisés.   Le Vérificateur général a donc laissé entendre que l’expression manque à gagner n’est pas une élucubration du BVG ni une terminologie inventée par des illuminés. Répondant aux questions relatives au contentieux judicaire qui l’oppose à certains membres de son personnel, il a dit que le dossier est pendant devant la justice, mais qu’il se battra jusqu’au bout. Toujours est-il, a-t-il assuré, qu’il reste serein, parce qu’il croit en  la justice de son pays.

Interrogé sur les recouvrements, Sidi Sosso Diarra a fait savoir que l’article 2 lui assigne la mission de proposer aux autorités les mesures propres à assurer une meilleure adéquation du coût et du rendement des services publics. La proposition de recouvrement, a-t-il ajouté, est une recommandation adressée aux entités administratives. Le Vérificateur général s’est réjoui des résultats atteints par son bureau, malgré les pressions dont il a fait l’objet. Les intérêts bousculés, a-t-il ajouté, sont énormes. C’est pourquoi certains font tout pour balayer une structure qui les embête. Le BVG, a-t-il affirmé, a réalisé 32 missions de suivi des recommandations affichant un taux global de mise en œuvre supérieur à 60%. Il a souligné que, c’est la première fois au Mali qu’il est permis à une institution de contrôle de travailler en toute indépendance dans le choix et la conduite de ses missions de vérification. Cela relève, a-t-il dit, d’un courage politique. Tout en plaidant pour  la pérennité de la structure, il  a toutefois reconnu qu’il existe encore des défis, entre autres, les réformes institutionnelles du nouveau bureau et le statut juridique du personnel.

Baba Dembélé

Le Républicain 07/03/2011