Bonjour, Président !


Président, ils te disent : « Je t’aime beaucoup, beaucoup ; tu es mon frère ; sans toi je ne peux vivre… ». En crois-tu un mot ? Ils veulent le pouvoir et ses agréments, ils ne mourront pas avec toi, pas à ta place. Ils ne font qu’acheter leur avenir avec ton nom et ta position. C’est normal, il faut le dire. Ce n’est pas normal que tu ne le comprennes pas. Enferme toi seul dans ton bureau et évalue leurs forces. Au terme du calcul, Président, ne te mens pas à toi-même. Communique le résultat net à ta conscience. Elle n’en a d’ailleurs pas besoin, elle connaît, elle. C’est toi qui veux lui faire admettre le contraire. Non, Président !

Grand chef, tu as à penser au nom que tu dois laisser dans l’histoire. Ils ne le feront pas à ta place. Ils n’ont nul intérêt de le faire ou que tu le fasses. Toi y a pas compris ? Toute l’affaire, c’est seulement questions d’argent, des honneurs mondains, tu le sais. Ecoute, Président, supposons même qu’ils ont la possibilité de lancer dans le firmament des firmaments comme la dernière sonde américaine partie espionner Dieu, seras-tu l’Eternel ? Non, dès que tu approches Dieu, Il t’attrape, te pince et t’interroge sur ce que tu as fait.

Général, tu vois, là-bas, tout le monde a le regard dirigé vers toi. Cela signifie que tout ne tient responsable que toi. L’autre jour du cinquantenaire, une fillette de moins de cinq ans en montants les marches a déchiré une de ses chaussures. Et elle s’est &criée : « ATT a mal fait le jardin, il va payer ma chaussure ». Son père n’a pu la calmer qu’en lui disant d’atteindre ton retour puisque tu serais en voyage. Ce qui était faux. Et un homme à côté a dit : « C’est un jugement du peuple. Qui peut le transmettre à ATT ? » Moi, Fasodén, j’ai dit : « Moi ! ». Voilà, j’ai tenu ma promesse.

Président, ne te trompe pas. Dieu enverra toujours aux peuples des dirigeants au destin fabuleux, au génie inégalé, à l’aura incommensurable, au charme irrésistible. Ne crois pas que es le seul Malien que Dieu aime. Et puis, si Dieu t’accorde ses faveurs à l’exception d’autres, c’est qu’Il te demandera comment tu les as utilisées. Car, Dieu aime la modestie, l’humilité : Il ne veut pas qu’on méconnaisse ses gentillesses. Tu vois, là-bas, Tandja ! Le colonel a manqué de sagesse.

Président, tu es un général, donc capable de remporter la dernière victoire, la plus grande d’ailleurs : sortir par la grande porte. Ne dis jamais à qui que ce soit, ne te dis jamais à toi-même : « Si je ne suis pas Président, l’armée fera un coup d’Etat ; l’armée n’acceptera pas que je cède le pouvoir aux… ».

Fasodén

Le National 13/12/2010