Une intense émotion a marqué la cérémonie de prière organisée ce jeudi matin à Bamako en hommage à Aboubakar Cissé, jeune Malien poignardé à mort le 25 avril dernier dans une mosquée du sud de la France. Le corps du défunt, rapatrié dans la nuit, a été accueilli par sa famille et des représentants des autorités maliennes, tous unis dans une même exigence : que justice soit rendue.
Originaire de la région de Kayes, Aboubakar Cissé, né en 2003, avait rejoint la France en tant que mineur non accompagné. C’est dans ce pays d’accueil qu’il a été brutalement assassiné pendant la prière, dans une mosquée du département du Gard. L’auteur présumé, un Français de 20 ans nommé Olivier Hadzovic, s’est enfui en Italie avant d’y être interpellé.
Une cérémonie empreinte de recueillement
La prière mortuaire s’est tenue à la mosquée de Garantigibougou, quartier où résidait la famille du défunt à Bamako. Elle a été suivie d’un recueillement au cimetière local, en présence de proches, de fidèles, et de responsables religieux et politiques. Aboubakar Cissé sera inhumé plus tard dans la journée dans son village natal.
Sa mère, Fatoumata Diagouraga, bouleversée, a déclaré : « Je perds aujourd’hui mon premier fils. Je me console en voyant que, au-delà de ma personne, la condamnation a été planétaire. Cela atténue ma douleur de mère. »
L’État malien exige des réponses
Deux membres du gouvernement ont assisté à la cérémonie : Mahamadou Koné, ministre des Affaires Religieuses, et Moussa Ag Attaher, ministre des Maliens établis à l’extérieur. Ce dernier a appelé à « faire toute la lumière sur cette affaire », tout en exprimant la volonté des autorités maliennes de voir la justice française aller au bout de ce dossier.
« Toute la communauté malienne en France, toutes confessions confondues, s’est mobilisée et a condamné cet acte », a ajouté le consul général du Mali à Lyon, Sory Kaba Diakité, qui a accompagné la dépouille jusqu’à Bamako. Il a indiqué avoir reçu l’assurance des autorités françaises quant à l’engagement judiciaire sur ce dossier.
Un crime isolé, mais lourd de symboles
La procureure de Nîmes a confirmé que le suspect, Olivier Hadzovic, avait agi de manière isolée, mû par une « envie obsessionnelle de tuer » documentée sur ses réseaux sociaux. Selon son avocat, le jeune homme aurait affirmé avoir tué « la première personne qu’il a trouvée », sans motivation religieuse ou idéologique affichée.
Dans ce contexte, le ministre Mahamadou Koné a mis en garde contre toute tentative de récupération du drame : « Il ne faut surtout pas instrumentaliser ce drame pour opposer les religions ou les peuples. C’est un drame condamné par tous les esprits sensés. »
La rédaction
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