DES ARMES POUR LES CIVILS AFIN DE SE DÉFENDRE CONTRE TOUTE RÉBELLION L’exemple américain prouve que ce n’est pas une bonne idée

 

En 2012, lorsque l’armée malienne battait en retraite, et que tout espoir de chasser l’alliance rébello-terroriste semblait vain, nombre de citoyens maliens clamaient haut et fort le droit de s’armer afin de défendre leur terre. L’idée était de défendre sa localité, sa commune ou encore le quartier contre l’ennemi d’alors. Certes, comparaison n’est pas raison ; et transposer le cas américain dans le contexte malien est un exercice hautement périlleux. Mais, dans divers points, la libéralisation du port d’armes en république du Mali, n’est point une bonne idée.

Donald Trump vient de fêter sa première année à la Maison Blanche. Une première année endeuillée par la recrudescence du nombre de tueries de masses, déjà élevées en Amérique. Rien que depuis le début de l’année, 18 ont déjà eu lieu en milieu scolaire. La dernière en date survint en Floride lorsqu’un jeune garçon se rendit dans son ancien lycée, armé d’un fusil semi-automatique AR-15. Il y ouvrit le feu tuant 18 personnes. Il s’agit là de la pire tuerie en milieu scolaire depuis 2012 dans une école nord-américaine. Deux autres ont eu lieu les jours suivants : deux victimes et une quinzaine de blessés dans un lycée du Kentucky, le 23 janvier, un blessé dans un établissement texan, un autre sur le parking d’un collège de la Nouvelle-Orléans le 22 janvier.

Mais, ce qui choqua l’âme des américains, c’est la tuerie survenue en début du mois d’octobre 2017. La pire tuerie de l’histoire des Etats-Unis d’Amérique venait d’avoir lieu à Las Vegas. Un homme blanc âgé de 64 ans, posté au 32ème étage d’un hôtel ouvre le feu sur les 20 000 spectateurs d’un concert situé en bas. Il s’est suicidé dans la foulée. Bilan, 59 morts et plus 500 blessés.

Ces chiffres donnent froid dans le dos. Et devraient donner à réfléchir à tout citoyen qui voudrait libéraliser le port d’armes, comme c’est le cas en Amérique.

Quid du contexte malien ?

La frustration était insoutenable, en début de l’année 2012. Après le massacre d’une centaine de nos soldats à Aguelhok par les bandits armés du MNLA et d’AQMI. Les soldats maliens en poste dans les principales villes du nord prirent la poudre d’escampette, de peur de mordre la poussière face à la puissance de feu des terroristes. Face à cette douloureuse déroute, beaucoup réclamèrent haut et fort le droit de s’armer pour défendre leurs terres. « Si l’Etat n’est pas capable de nous défendre, nous le ferons nous-mêmes » s’écriaient bon nombres de citoyens maliens au nord, dégoûtés et meurtris par leur triste sort. Cependant, libéraliser le port d’armes ne saurait constituer ne serait-ce que le début d’une solution, bien au contraire. Il serait le début d’une insurrection, aux allures de guerre civile. Dieu nous en a préservés en 2012. Pourquoi donc vouloir tenter le diable ?

Car oui, détenir une arme est une forte tentation. Et les cœurs colériques et revanchards auront, à coups surs, la gâchette facile. Même des faits anodins de la vie quotidienne pourraient être l’étincelle d’un massacre. Le détenteur peut, par exemple, oublier son arme à feu chargé dans les toilettes d’un quelconque établissement. Et si, une personne déséquilibrée mentalement ou de mauvaise intention tombe dessus, c’est la catastrophe assurée.

Le salut sécuritaire du Mali ne peut se réaliser que par la montée en puissance des forces armées et de sécurité.

Aux USA, on achète les armes comme des petits pains

A titre d’exemple, à Las Vegas, pour pouvoir acquérir une arme, il suffit de se rendre dans un magasin de vente d’armes à feu, disposé d’un permis, non pas de port d’armes, mais de conduire de l’Etat de Las Vegas, et de l’argent. Des armes de petits calibres allant aux fusils d’assaut, tout est achetable. En Floride par contre, le permis de port d’armes est exigé, même si beaucoup s’en procurent de manière illégale.

Les Etats-Unis d’Amérique détiennent à eux seuls 50% des armes détenues par les civiles à travers le monde. Plus il y a des victimes par armes à feu, plus les politiques conservateurs républicains s’entêtent, très fortement soutenu par le lobby pro-armes surpuissant, NRA, à défendre le 2ème amendement de la constitution américaine qui décrit le port d’arme comme un droit fondamental. La NRA arrose des élus américains pour empêcher l’initiative de toute loi pouvant réduire l’accès à une arme. Leur revenu annuel en 2016 a dépassé les 400 millions de dollars. Depuis 2004, et selon le Center for Responsive Politics, une ONG spécialisée dans le financement politique, 179 millions de dollars ont été dépensés par la NRA afin d’influencer la politique américaine.

Ahmed M. Thiam