Analyse : Aqmi après Ben Laden

Le 11 septembre 2001 dès lors n’est pas un acte de lâcheté mais une réponse à l’arrogance d’une hyper-puissance qui croyait que tout lui était permis. Et au lieu de l’effroi, l’horrible attaque a plutôt justifié l’admiration pour Ben Laden au point d’en faire, peut-être, le défenseur de l’Islam le plus connu après le prophète Mohamed.

Du moins sur nos marchés et dans nos quartiers populaires. Car les érudits arabisants savent la vérité et savent que l’Islam doit plus à un Imam Tantawi presque totalement méconnu à un Ben Laden hyper-médiatisé un moment avant d’être harcelé et traqué. Le salut ne viendra que par la « délocalisation » et par  l’ancien Gspc algérien qui, en 2007, eut besoin du prestige et de la légitimité du tombeur de l’Amérique pour  espérer se tenir  debout après de lourdes pertes.

Nul doute alors : depuis hier, Ben Laden est un souci de moins pour les chefs d’Etat major du Niger, de l’Algérie, de la Mauritanie et du Mali qui  viennent de boucler à Bamako une réunion capitale sur la sécurité dans l’espace sahélo-saharien. Ces officiers supérieurs savent, bien sûr,  plus que tout le monde, l’inexistence ou la faiblesse de liens organiques ou fonctionnels entre la toile-mère et son fils adoptif Aqmi. En dépit des récentes opérations de com plaçant désormais les négociations concernant les otages d’Arlit sous la seule autorité de Ben Laden, Droudkel  ne convaincra pas grand-monde en faisant croire que Timetrine relève de Tora Bora. Ce ne sera pas non plus crédible de dire que la disparition de l’empereur Ben Laden rend inconsolables les princes Belmokhtar et Abuzeid. La nébuleuse sahélienne garde son autonomie d’action et ses décisions ont toujours été dictées par des enjeux locaux.  Corollaire : plus que la mort de Ben Laden, c’est la capacité de frappe des états riverains du Sahel-Sahara  qui contrera ce qu’on appelle déjà l’Aqmistan.

Adam Thiam

Le Républicain 03/05/2011