Alassane D. Ouattara investi à Yamoussoukro : Après la fête, place à la reconstruction du pays

« La meilleur façon de réussir notre pari, c’est de tenir nos promesses  (..), c’est de réapprendre à vivre ensemble et faire le deuil de nos rancœurs  ».Voilà quelques unes des phrases fortes qui se sont dégagées du discours d’investiture du Président Alassane D. Ouattara, le 21 mai dernier à Yamoussoukro. Un discours programme qui a tracé les grandes lignes des grands chantiers qui attendent le nouveau gouvernement Soro qui ont pour noms : Réconciliation, réunification de l’Armée nationale, reconstruction nationale. En effet, le premier grand et véritable pari qui attend le Président et son équipe est sans nul doute la réconciliation des Ivoiriens, à travers la commission Dialogue- vérité – Réconciliation dirigée par l’ex premier Ministre, Charles Konan Bany.

Dialogue- Vérité  Réconciliation

Pendant toute sa campagne électorale pour la présidentielle de 2010, dont il est sorti vainqueur, Alassane Ouattara a mis un point d’honneur sur la Réconciliation entre les Ivoiriens. Egalement dans son discours d’investiture, il réitéra sa volonté de tout faire pour rassembler les Ivoiriens à travers la commission Dialogue- Vérité- Réconciliation, pilotée par Charles K. Bany.   « Pardonner mais ne pas oublier ce qui s’est passé » semble être le leitmotiv du Président à l’endroit des Ivoiriens qui ont été blessés dans leur chair pendant les 10 ans de crise.

La déchirure causée par la partition du pays en 2002 et les derniers événements  post électoraux a érigé un mur de méfiance entre les Ivoiriens du Sud et ceux du Nord. C’est pourquoi rien ne pourrait être entrepris par le Président dans ses fonctions sans cette importante étape. Les Ivoiriens doivent extérioriser ce qu’ils ont à l’intérieur d’eux-mêmes en toute vérité, avant de pardonner. Mais, prévient le Chef de l’Etat, pardonner ne veut pas dire que ceux qui se seraient illustrés dans les tueries et exactions diverses sur les populations civiles sont exempts de poursuites judiciaires. Loin de là,  pour lui, il n’y aura pas d’impunité en Côte d’Ivoire. Cette commission a la lourde tâche de rassembler les Ivoiriens et de réussir une réconciliation véritable, ciment de l’unité des fils du pays.

D’autre part, la reconstruction du pays passe par une armée réunifiée. Et réussir à bâtir une Armée Républicaine en Côte d’Ivoire, après tant d’années de méfiance et de suspicions, n’est pas chose aisée pour le Président nouvellement élu. Surtout avec l’instrumentalisation des ex forces de défense et de sécurité du Sud par l’ancien Président Laurent Gbagbo pour se maintenir au pouvoir.

La Création d’une armée nouvelle

Le pays vient de loin, après plus d’une décennie de crise politique avec à la clef, la partition du pays entre le Nord et le Sud.  Malgré les progrès engrangés par le Dialogue direct inter Ivoiriens, instituant les Accords Politiques de Ouagadougou, qui ont tracé les jalons d’une armée réunifiée, à travers le Désarmement, Démobilisation et Réintégration (DDR), la méfiance est restée de mise de part et d’autre. Même le Centre de Commandement Intégré (CCI), qui devait constituer la pépinière de la nouvelle armée Ivoirienne, a peiné par la faute des hommes politiques à prendre forme.

Ce n’est qu’avec les récentes crises post électorales que le nouveau président, pour asseoir sa main mise sur l’armée, a décrété la fusion des deux armées, Forces Armées des Forces Nouvelles (FAFN) et FDS, en créant les Forces Républicaines de Cote d’Ivoire (FRCI). La nouvelle armée créée, il faudra veiller à la consolider et à faire un savant mélange entre ceux qui s’étaient égarés en prenant faits et causes pour l’ancien dictateur, et les ex-rebelles venus de Bouaké pour libérer le Pays. Mais en attendant, un casernement s’impose pour une répartition efficiente de tous ces éléments, en vue de la formation d’une armée forte et républicaine digne de ce nom. L’édification d’une nation juste, équitable et prospère passe par la reconstruction du pays et la mise en route de l’économie mise à rude épreuve pendant les dix années de crise en Eburnie.

La reconstruction de la Côte d’Ivoire

Remettre la Cote d’Ivoire très rapidement sur pied, voilà le défi du prochain Gouvernement Soro Guillaume sous l’autorité du Président Alassane Dramane Ouattara.

Les femmes, les jeunes et les plus pauvres et l’aide au  secteur privé, constituent la pierre angulaire de cette politique. Selon lui,  la nouvelle équipe gouvernementale a un challenge : bâtir une Nation forte et prospère avec une attention toute particulière aux démunis, donner les moyens à la jeunesse avec la  création d’emplois, donner la priorité aux femmes et surtout aux entreprises en favorisant leur essor. Les infrastructures du pays ayant souffert de cette crise, il faudra les améliorer pour assurer un cadre de vie meilleur aux Ivoiriens. Lors de la crise post électorale, les entreprises publiques et privées ont souffert du pillage de la population affamée.

Les ministères et établissements publics, à l’instar des établissements bancaires, ont été saccagés par les miliciens et mercenaires désemparés après l’arrestation de Gbagbo. Dans des quartiers comme Abobo et Yopougon, toutes les infrastructures (stations d’essence, magasins, boutiques, habitations etc.) ont été saccagées et pillés par les miliciens pro Gbagbo. Les dégâts étaient si énormes qu’il fallait une action énergique du nouveau pouvoir qui a immédiatement décrété l’ouverture des banques et le paiement de deux mois de salaire pour les travailleurs de la fonction publique.  De même, les fournisseurs de l’Etat ont vu leurs dettes épongées. Toute chose qui a contribué à une reprise rapide des activités après plus de trois mois d’absence d’activités économiques dans tout le pays.

La Côte d’Ivoire « is back » (le pays est de retour), le nouvel attelage gouvernemental à qui ADO a promis insuffler une nouvelle dynamique, aura pour mission de faire revenir la Cote d’Ivoire à la place qui était la sienne avant la crise, c’est-à-dire, la tête de pont des pays de la sous région ouest africaine, avec une croissance qui se chiffrerait entre 6 et 7%, dixit le Dr Alassane Dramane Ouattara. Une mission du FMI et de la Banque Mondiale séjourne dans le pays depuis une semaine et les bailleurs de fonds affluent de toute part dans le pays. Un signe qui ne trompe pas. Le nouveau Président est donc bien parti pour réussir son pari : celui d’obtenir, d’ici la fin de son mandat en 2017, une croissance à deux chiffres en Côte d’Ivoire.  

De Gildas, correspondant du Républicain à Abidjan

Le Républicain Mali 24/05/2011