Aigles du Mali: Le coach Magassouba accuse 20 mois d’arriérés de salaire

Vingt mois ! Presque deux ans de travail sans salaire !

C’est le calvaire que vit aujourd’hui l’entraîneur des Aigles du Mali, Mohamed Magassouba.

Comment un pays qui dit nourrir de grandes ambitions sportives, surtout pour son football, peut laisser un acteur clé comme le coach sans salaires pendant tout ce temps.

A-t-on pensé à sa famille, à sa femme et à leurs enfants ?

Heureusement que Magassouba a la chance d’avoir une formidable et brave épouse qui adore le Mali et qui le soutient dans son engagement patriotique.

 Humble, modeste et surtout prêt à tous les sacrifices pour sa patrie, ce technicien chevronné ne parle jamais  de ce calvaire.

L’information a «fuité» par l’un de ses proches dépité de lire des critiques mesquins à son égard suite à la défaite des Aigles à Conakry mercredi dernier (24 mars 2021).

La seule concédée par «Coach» dans les éliminatoires de CAN depuis qu’il a en charge l’Equipe nationale fanion.

Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que Magassouba est victime d’une telle insouciance. Après sa nomination comme Directeur technique national (DTN), il avait aussi fait de longs mois sans salaires.

Il a vécu la même chose quand il a assuré l’intérim du sélectionneur national.

Nous pensons que cela était suffisant pour qu’on prenne toutes les dispositions pour que cela n’arrive plus. Hélas !

Face à cette situation injuste et inacceptable, la réaction du président de la Fédération malienne de football (FEMAFOOT) a été pour le moment très décevante à la limite révoltante.

«Vous êtes nombreux à m’interpeller sur le sujet de la situation salariale du sélectionneur national.

Je veux vous rassurer que le gouvernement, à travers le ministre de la Jeunesse et des Sports, met tout en œuvre afin de trouver une solution rapide à ce problème.

A titre personnel, je suis de près ce dossier qui je l’espère aura un dénouement heureux bientôt», s’est-il permis comme réaction sur les réseaux sociaux.

Il espère encore un dénouement heureux. Autrement, Magassouba et sa famille doivent continuer à prendre leur mal en patience.

Quitte à broyer du noir ! Mais, comme le dit un adage manding, «tant que Dieu est dans le ciel, le vautour ne broutera jamais de l’herbe».

Cette réaction du président de la Femafoot est une pure fuite en avant, de l’ironie. A son niveau, qu’est-ce que la Femafoot a réellement fait ?

N’aurait-elle pas pu trouver une solution à l’interne en attendant que la situation se débloque au niveau du gouvernement ?

La réaction du patron du foot malien traduit le peu de respect que nous avons généralement pour nos propres compatriotes qui font honnêtement leur boulot au prix de tous les sacrifices pour le pays.

Nous savons tous que si c’était un expatrié (toujours mieux payé et disposant de plus de privilèges que les nationaux), une solution aurait été trouvée depuis belle lurette ou ce dernier serait déjà parti et n’aurait pas hésité à attaquer le pays devant la justice pour avoir son dû !

Et pourtant, comme l’a rappelé un cadre sur Facebook, «le coach  Magassouba  a fait ce qu’aucun coach  n’a pu faire depuis plus 30 ans voire plus en qualifiant les Aigles à  2 journées de la fin des éliminatoires».

Et cela dans des situations difficiles avec un effectif instable à cause des défections inexplicables à chaque regroupement.

Mieux, les Aigles ont terminé leader de leur poule.

La défaite concédé au Sily National de la République de Guinée le 24 mars dernier n’a finalement pas changé grand-chose à notre leadership dans le groupe A. Avec 13 points, les protégés de Mohamed Magassouba devancent les Guinéens (11 points) tombés ce dimanche (2-1) face au «Brave Warriors» de la Namibie qui échouent à deux points de la qualification.

Un patriote humble et discret

En patriote convaincu, cette situation dramatique n’a jamais affecté son travail auquel il s’adonne avec passion ayant conscience de toute sa responsabilité vis-à-vis des joueurs sous sa responsabilité et de la nation.

La preuve est que, comme pour la CAN 2019, il a qualifié les Aigles pour la CAN 2021 avant la fin des éliminatoires.

Et cette fois-ci, il a offert au pays la qualification à deux journées de la fin des éliminatoires.

Et malgré tout, certains ont tenté de lui jeter la pierre parce que le Mali a perdu (0-1) à Conakry une rencontre sans grand enjeu avec un effectif profondément remanié.

Ceux-ci ne devinaient pas le sacrifice que ce technicien compétent et discret accepte pour continuer à occuper ce poste d’entraîneur des Aigles en donnant le meilleur de lui-même pour qu’ils volent toujours plus haut au bonheur des Maliens. Ce sont les tonneaux vides qui font du bruit, dit on.

Ce sont les pseudos patriotes qui crient leur patriotisme à tout bout de champ alors qu’ils sont nombreux à ne pas être capables de verser même une goutte de sueur pour le pays.

Magassouba ne crie pas son attachement au Mali, il le prouve au travail, en exécutant consciencieusement son devoir.

Ce pays, il ne le sert pas par manque d’opportunités, mais par devoir du fils à l’égard de la mère patrie. Sinon, c’est un homme très sollicité à travers le continent voire le monde.

Et il ne cesse de décliner les offres plus alléchantes et qui dépassent largement ce qu’il gagne dans notre pays.

«Tant qu’on veut de moi, je serais au service du Mali, peu m’importe ce qu’on me propose ailleurs.

Servir son pays est le plus important à mes yeux», nous disait-il dans un entretien après la CAN 2019 en Egypte.

Et cela parce que Magassouba est un technicien dont la compétence et l’expertise sont fréquemment sollicitées par la CAF et la FIFA au niveau de la formation et de la conception de projets techniques.

Après sa nomination au mois d’août 2019 comme «Instructeur Continental Élite» par la Confédération africaine de football (CAF), ce sexagénaire (né un 1er janvier 1958, marié et père 2 enfants) a récemment rejoint le cercle restreint des experts du football mondial lors d’une session organisée par la FIFA à Doha (Qatar) du 27 au 31 janvier 2020.

D’ailleurs, depuis qu’il a entamé sa carrière d’entraîneur dans les années 80, Magassouba n’a jamais chômé par manque d’opportunités. Au contraire, il a eu fréquemment l’embarras du choix face aux propositions. Et il a laissé une bonne réputation partout où il est passé. Ce ne sont pas les Congolais (République Démocratique du Congo) et les Gabonais qui vont nous démentir.

Et comme «Coach» nous le dit souvent lors de nos fréquents entretiens, «il est clair qu’une Equipe nationale ne repose pas seulement sur les efforts des techniciens ou des seuls joueurs.

Elle doit reposer sur l’effort commun et unanime de tout le monde ; tous les patriotes doivent jouer leur partition dans sa performance».

Autrement chacun doit jouer sa partition en espérant être toujours mis dans ses droits.

C’est la condition sine qua non pour se hisser et se maintenir dans le gotha des meilleures nations sportives, notamment de football !

Alors, mettez Magassouba dans ses droits parce qu’il s’exécute honnêtement et brillamment de son devoir !

Alphaly