Affrontements intercommunautaires: Ténenkou souffre de l’absence de l’Etat

A Dioura tout comme à Tenenkou, les populations qui s’entretuaient sont revenues à la raison après des expéditions punitives ayant fait plusieurs morts le week-end dernier. L’incendie a pu être circonscrit, à en croire une source proche de la mission gouvernementale qui s’était rendue dans la zone. Les populations demandent des détachements militaires pour être protégées. Livrées à elles-mêmes et aux incursions de groupuscules armés, les différentes communautés du cercle de Ténenkou avaient fini par s’affronter avec des armes de guerre.

Il a fallu que les affrontements intercommunautaires prennent des proportions inquiétantes la semaine dernière, mettant à nu l’absence de l’Etat dans la zone de Ténenkou. Dans l’urgence, le gouvernement a dépêché sur les lieux plusieurs missions comprenant même un représentant de la CMA et un autre de la Plateforme.

Aux visiteurs, les habitants de la zone ont demandé la présence des services de l’Etat : la justice, les maires, les sous préfets, la gendarmerie, selon une source proche du ministère de la Solidarité, de l’Action humanitaire et de la Reconstruction du nord.
Pourtant, le risque des affrontements avait été prédit par des ressortissants de la zone qui avaient demandé en vain à l’Etat de prendre des dispositions pour sécuriser les populations. Djiguiba Keïta dit PPR avait notamment déploré l’abandon des populations par les forces de sécurité et de défense.

Le mérite de la mobilisation tardive du gouvernement aura été la mise en place d’une commission de réconciliation pour aplanir les différends entre les communautés.

En effet, la délégation s’était rendue à Dioura, un des théâtres d’affrontements meurtriers récents qui ont secoué la zone. Mais on aurait pu éviter le drame dans cette zone écologique éprouvée par le climat et habitée par des groupes ethniques aux intérêts économiques parfois divergents : les pasteurs Peulhs, les cultivateurs Bambara et les pêcheurs Bozo se livrent une guerre qui ne dit pas son nom.

Les populations dont des représentants sont attendus à Bamako ce mardi 10 mai 2016 veulent parer au plus pressé. Objectif: amener le gouvernement à traduire en actes concrets certaines des recommandations qu’elles ont faites à l’occasion du passage de la mission gouvernementale.

Les autorités ont promis de garantir la justice aux victimes, tout en invitant les parties à renoncer à la violence. Cette mission de bons offices semble calmer la situation. Le problème est que les individus habitués à la vendetta en lieu et place de la justice risquent de remettre ça. A moins que l’Etat ne soit au près des populations.

Soumaila T. Diarra

Source: Le Républicain-Mali 10/05/2016