ADEMA : Pourquoi on veut barrer la route à Dioncounda Traoré ?

 

Qui sera le candidat de l’ADEMA à l’élection du Président de la République en 2012 ? Depuis quelques jours, des échos qui nous proviennent de la ruche ne sont pas de nature rassurante. Malheureusement, l’ADEMA considéré comme le plus grand parti politique du Mali risque de se donner en spectacle. On se souvient qu’en 2002 face à la boulimie de certains responsables, le parti n’avait pas pu faire l’unanimité autour d’un candidat.

Soumaïla Cissé, candidat désigné du parti, s’était résolu à affronter  certains camarades comme feu Mandé Sidibé et Soumeylou Boubèye Maïga, actuellement ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale. A l’époque la ruche grouillait de monde, mais très peu, parmi les responsables du parti de l’abeille solitaire y allaient pour apporter leur pierre à l’élection  du candidat investit par le parti. Ils y allaient sous le nom de la bande « des douze » pour soutenir une autre candidature : celle d’un indépendant qui allait devenir président de la République du Mali.

A moins d’un an de l’élection présidentielle, il y a toutes les chances que le scenario de 2002 se répète dans la ruche. Sous prétexte d’éviter ce qui c’est passé en 2002, l’ADEMA  a mis sous  veilleuse la démarche qui consistait à départager les éventuels candidats à la candidature à l’élection présidentielle par l’organisation d’une primaire.  Si la décision a été saluée par de nombreux militants, les responsables du parti ne sont pas allés au bout de leur logique. En rejetant le principe de l’organisation de primaires pour maintenir la cohésion au sein du parti, les responsables de l’ADEMA devaient tout mettre en œuvre pour éviter  la multiplicité de candidatures à la candidature au poste de Président de la République.  Mais, à l’allure où vont  les choses, l’on est en bon droit de se demander si la multiplicité des candidatures ne fait pas partie d’une stratégie planifiée quelque part  pour fragiliser l’ADEMA et éloigner son candidat du fauteuil de Koulouba.

La semaine dernière, plusieurs journaux sont revenus sur l’information selon laquelle  les candidats concurrents de l’actuel Président de l’Assemblée Nationale, à la candidature de l’ADEMA, se sont donné la main pour lui barrer la route. Mais, est-ce que ce sont seulement les concurrents de Dioncounda Traoré qui veulent lui barrer la route ? Au-delà de l’ADEMA, est-ce que des stratèges ne travailleraient pas à doter le parti de l’abeille solitaire  d’un candidat qui n’aura aucune chance de remporter les élections ?

Dioncounda Traoré, victime de sa prise de position pour le fait partisan

Toute porte à croire que la tendance de l’ADEMA favorable à la candidature de Modibo Sidibé n’a pas encore dit son dernier mot.  Après avoir définitivement échoué à faire designer Modibo Sidibé comme le candidat de l’ADEMA, cette tendance ne travaillerait-elle pas à fragiliser le parti de l’abeille solitaire en le dotant d’un candidat qui n’aura pas l’étoffe pour convaincre les militants ADEMA, à plus forte raison des militants d’autres partis politiques ou le citoyen malien tout court? Si Modibo Sidibé était parvenu à devenir le candidat de l’ADEMA, est-ce que  le CE aurait reçu autant de candidatures ? La fronde annoncée contre Dioncounda Traoré, n’est-elle pas le fait de tous les Adémistes qui avaient nourri, sans l’exposer ouvertement, un secret désir de voir le parti de l’abeille solitaire jeter son dévolu sur l’ancien Premier ministre pour défendre ses couleurs à l’élection présidentielle de 2012 ?

A moins que ce soit voulu sciemment et dans quel intérêt, l’ADEMA doit comprendre qu’il a besoin d’un candidat doté d’une capacité d’amener les Maliens à dépasser les clivages politiques pour le soutenir au deuxième tour de l’élection présidentielle. Si le gouvernement parvenait à doter le pays d’un fichier électoral digne de nom, il n’y a aucun doute, aucun candidat ne pourra rééditer l’exploit du « Takokelen » d’Amadou Toumani Touré en 2007.

L’ADEMA est certes un grand parti, mais il lui sera difficile de faire gagner son candidat au deuxième tour de  l’élection présidentielle 2012,  si ce dernier ne donne pas un minimum de confiance à la classe politique malienne. Et, comme 2012 va se jouer sur la corde au deuxième tour et sans jouer au thaumaturge, avec sa forte présence sur l’ensemble du territoire malien, l’ADEMA, quel que soit le candidat qui sortirait de ses rangs, sera au deuxième tour. Mais, ce candidat ne pourra pas faire la différence face à un candidat indépendant, même porté par des petits partis, tant qu’il ne représente pas  un certain nombre de valeurs : être attaché aux idéaux du 26 mars, être farouchement engagé pour le fait que l’espace politique soit le terrain de prédilection des partis politiques et surtout avoir la capacité, malgré l’expression du fait majoritaire,  de  tendre la main aux acteurs du mouvement démocratique.

De notre analyse de la liste des candidats à la candidature de l’ADEMA au poste de Président de la République, seuls deux noms répondent à ses valeurs. Dans l’ordre du mérite, nous citons Dioncounda Traoré, actuel Président de l’Assemblée Nationale  et Ibrahima N’Diaye, ancien ministre de l’emploi et de la formation professionnelle. Mais wait and see.

Assane Koné

Le Républicain 11/07/2011