18è Sommet de l’Union africaine : DES ABSENCES REMARQUEES.

 

 

La situation sécuritaire dans le nord du pays explique évidemment ces annulations mais il n’aura échappé à personne que les présidents du Niger et de Mauritanie, qui ont des frontières communes avec le Sahara malien ont également déclaré forfait. Officiellement, ce sont des problèmes d’agenda qui ont dissuadé Mahamadou Issoufou, et Mohamed ould Abdel Aziz de se rendre à Addis-Abeba. Mais l’un comme l’autre sont préoccupés par ce qui se passe chez leurs voisins et en particulier, par la persistance des activités émanant d’Al-Qaïda ou de groupes se revendiquant de la même mouvance. Il y a quelques jours les ministres des Affaires étrangères de la région se sont réunis à Nouakchott pour évoquer la question. Plusieurs sources indiquent que le Niger et la Mauritanie ont demandé avec insistance au Mali d’agir contre le sanctuaire d’Aqmi (al-Qaïda au Maghreb islamique) dans les montagnes du Nord. Le 30 janvier 2011, lors du 16e sommet de l’Union africaine, les pays arabes (Algérie, Tunisie, Egypte, Libye) étaient absents pour cause de révoltes.

Le 30 juin dernier en Guinée équatoriale, le président Abdoulaye Wade avait préféré rester au Sénégal. Il n’est pas venu non plus à Addis-Abeba pour ce 18e sommet. Ce Sommet dont le thème est axé sur la promotion du commerce extra africain se tiend aussi en l’absence de trois des ténors de l’organisation continentale. Il s’agit en l’occurrence de Ben Ali de Tunisie, Mouammar El Kadhafi de Lybie et Hosni Moubarak d’Egypte qui l’ont accompagnée tout au long de ces décennies. Selon toute vraisemblance ce thème sera éclipsé par les nombreux conflits qui continuent d’ensanglanter le continent et auxquels sont venus s’ajouter de nouveaux foyers de tension allumés par le chute de l’ancien Guide de la révolution libyenne l’inlassable promoteur de l’unité africaine, généreux contributeur au budget de l’organisation (15% de source officielle). Ce sommet qui est également le premier à se dérouler dans les locaux propres de l’organisation continentale offerts par la Chine sera aussi dominé par une bataille pour la présidence de la Commission de l’UA et la présidence tournante de l’organisation continentale.

L’Afrique du Sud, locomotive économique du continent qui ne cache pas ses ambitions régionales, a fait une campagne intense pour imposer à la tête de la Commission (organe exécutif de l’UA) Nkosazana Dlamini-Zuma, 63 ans, ancien ministre des Affaires étrangères et ex-épouse du président Jacob Zuma. Cette candidature heurte frontalement celle du Gabonais Jean Ping, candidat à sa succession après quatre ans à ce poste. La bataille selon les diplomates en poste à Addis Abeba oppose l’Afrique australe à l’occidentale, l’anglophone à la francophone, ainsi que deux personnalités aux antipodes : l’actuelle ministre sud-africaine de l’Intérieur est une femme à poigne, bien loin du style conciliant et policé de Jean Ping, 69 ans, ancien ministre et homme de confiance de l’ex président Omar Bongo.

Les diplomates sud-africains reprochent en privé à Jean Ping d’avoir échoué à faire entendre la voix de l’Afrique dans les crises à répétition depuis un an sur le continent, en particulier lors de la rébellion en Libye qui a chassé du pouvoir, avec le soutien militaire aérien de l’Otan, Mouammar Kadhafi. Les partisans de Jean Ping font valoir que l’Afrique du Sud est mal placée pour donner des leçons sur ce chapitre, Pretoria ayant voté au Conseil de sécurité de l’ONU la résolution ayant autorisé les frappes de l’Otan, avant de regretter son geste, jugeant que les Occidentaux avaient abusé de ce mandat pour faire tomber Kadhafi.

Essor ,lundi 30 janvier 2012 par La Rédaction