Vandalisme à la Maison de la Presse, menace sur les acteurs politiques… : Démocratie en péril ?

Que des individus non identifiés « surgissent de nulle part » pour commettre des actes de vandalisme à la Maison de la Presse, tentant de s’en prendre à des conférenciers et/ou journalistes, ne laissent aucun Malien indifférent. Plus jamais ça !

Depuis plusieurs mois, des témoignages font état de menaces sur les prises de parole de certains acteurs politiques et même sur des journalistes et hommes de médias. C’est dans ce sens que tous les prises de position exigeant « la tenue des élections générales dans les délais », rejetant la tenue du référendum constitutionnel suscite de vives critiques, voire des menaces de la part de personnes qui apparaissent comme des inconditionnels du pouvoir de Transition. Certains de ces admirateurs du pouvoir vont jusqu’à appeler demander que certaines formations politiques soient dissoutes. Tel est le cas de cette correspondance du Collectif pour la défense des militaires (CDM), du 16 février 2023, adressée au ministre de l’Administration territoriale (avec ampliation à la présidence, à la primature, au CNT, à l’AIGE, etc) demandant « la dissolution pure et simple » du parti PSDA pour « les déclarations indignes, irresponsables » de son président, Ismaël Sacko….

Tout cela démontre une forme dangereuse d’intolérance et de menace sur les libertés démocratiques arrachées de haute lutte. A-t-on oublié la belle assertion prêtée à Voltaire selon laquelle « Je ne suis pas d’accord avec ce vous dites, mais je me battrai de toutes mes forces pour que vous puissiez le dire » ? 

C’est pourquoi plusieurs organisations faîtières de la presse (UNAJOM, Maison de la Presse, ASSEP, Groupe patronal, etc) et des leaders politiques et de la société civile élèvent la voix par de vives protestations.

Pour sa part, le « Groupe patronal de la presse écrite » déclare avoir suivi avec « une grande stupeur et consternation les événements douloureux survenus, dans l’après-midi de ce lundi 20 février 2023, à la Maison de la presse, symbole de libertés, de valeurs démocratiques et de diversité ».  Et le Groupe de souligner que ce temple de la démocratie et de l’expression plurielle a été le théâtre d’une mutilation par des vandales, à la faveur d’une conférence de presse parmi tant d’autres qu’il a coutume d’accueillir, en tant que haut-lieu d’échanges et de confrontation d’idées.  « Les images véhiculées sur les réseaux sociaux sont terrifiantes et inspirent au Groupe une condamnation vigoureuse et sans réserve de cette grave atteinte à la sacralité des valeurs qu’incarne la Maison de la Presse », précise le communiqué. Avant de poursuivre que « le Groupe juge inadmissible et injustifiée  une violence d’une telle intensité dans cette enceinte et exhorte son directoire à tout mettre en œuvre pour tirer au clair les circonstances du saccage, démasquer ses instigateurs et les interpeler par-devant qui de droit. 

Le Groupe juge opportun, dans la même veine, de prendre toutes les dispositions utiles pour préserver, à la fois, l’intégrité physique des journalistes et leurs outils de travail contre les incursions impromptues dans l’enceinte de la Maison de la Presse. Il interpelle à cet effet les plus hautes autorités sur la protection due au libre exercice de la profession, par les mesures dissuasives appropriées…».

Pour leur part, les partis, regroupements politiques et organisations de la société civile signataires  de l´Appel du 20 février 2023 annoncent être « surpris et scandalisés par la tentative heureusement contenue par leurs militants d´empêcher la tenue de leur point de presse, dont le seul objectif était de faire connaître leur opposition à l’élaboration d’une nouvelle constitution en violation des règles élémentaires de l´État de droit  et de réclamer le respect par les Autorités  de la Transition du chronogramme sur lequel elles se sont engagées ». Et de rappeler que la liberté d’expression et la liberté  de réunion participent des conquêtes qui ont permis à notre pays de tourner définitivement la page de la dictature par l’instauration d´un Etat  démocratique respectueux des libertés et droits fondamentaux. Il s’agit des allainces telles que Espérance nouvelle « Jigiya Kura », la CMAS (Coordination des Mouvements, Associations et Sympathisants  de l’Imam Mahmoud DICKO), GDH(Action Gouvernance et Droits Humains), le Mouvement « Mali débout », le parti ACRT Faso Ka wele, le Forum de la Société Civile, le parti RDA- Mali, l’Alliance des Générations Démocratiques du Mali (AGDM), Nouvelle Vision Politique pour le Mali (NVPM), la Référence Syndicale des Magistrats (REFSYMA), le Front National pour la Défense des acquis démocratiques (FND), le Collectif des députés de la 6ème législature.

Tous « condamnent avec la dernière énergie l’agression barbare et  injustifiée perpétrée par des ennemis de la démocratie manipulés par des forces qui veulent museler le peuple malien par l’intimidation et la peur ». Et d’avertir : « Que ces forces sachent que les  responsables, les membres et  les sympathisants de la plate-forme de l’Appel du 20 février 2023 pour Sauver le Mali ne fléchiront pas  dans la lutte engagée aujourd’hui…».

D’autres voix ont relayé les condamnations contre ces actes de vandalisme, qui constituent des menaces graves contre la démocratie et les libertés publiques, dont nul n’acceptera la remise en cause. A bon entendeur…

Bruno D SEGBEDJI