Urgence Humanitaire en Pays Dogon Le collectif CAJPD tire la sonnette d’alarme

Le Collectif des Associations de Jeunes du Pays Dogon (CAJPD) et les élus du Pays Dogon tirent sur la sonnette d’alarme sur l’Urgence Humanitaire en Pays Dogon, avec la perturbation de 3 hivernages successifs. Les principaux animateurs de cette conférence étaient M. Adama Diongo, président du collectif, qui avait à ces côtés le représentant des élus dogons, Mamadou Ziguimé. Elle a enregistré la présence de l’élu de Ténenkou, honorable Amadou Cissé, entre autres invités. Pour prévenir un désastre humanitaire qui menace la 5ème région, si rien n’est fait, le président du collectif CAJPD, Adama Diongo, a profité de cette tribune pour tirer la sonnette d’alarme et alerter l’opinion nationale et internationale, afin qu’un élan de solidarité puisse rapidement se construire et soutenir ces populations qui manquent de tout. Selon lui, le petit mil du pays dogon est à la base de toutes les alimentations dans le nord. Et à la fin de chaque récolte, les caravanes qui transportent ces mils vers le nord sont en peine par le faite que le pays dogon a eu successivement 3hivernages perturbés. La situation est catastrophique depuis 2012, suite aux tensions intercommunautaires exacerbées par l’interférence de groupes radicaux qui ont sérieusement contribué à la dégradation de la situation humanitaire de 64 Communes dans la région de Mopti et Ségou. Ces trois dernières années, les hivernages ont été successivement perturbés dans 42 Communes du Pays Dogon et le cumul du déficit céréalier fait craindre aujourd’hui une catastrophe alimentaire dans les cercles de Bandiagara, Bankass, Douentza et Koro. Mais ce qui nous préoccupe c’est qu’en réalité il n’y a pas une solution viable, et nous n’entendons que des mots, nous n’entendons que des discours autour de 200.000 tonnes ou 300.000 tonnes nécessaires mais cela ne règle pas le problème. Ensuite, il dira que le pays dogon nécessite une prise en charge de 6 mois par la collecte et la redistribution de 4000 tonnes de céréales. Et de citer les derniers chiffres du Ministère de la Solidarité indiquant que la région de Mopti enregistre plus de 65 000 déplacés, 528 écoles fermées et 150 000 élevés privés d’école. De façon particulière, 860 points d’eau ne sont plus fonctionnels dans les cercles de Bandiagara, Bankass, Douentza et Koro. Des déplacés proprement dits répartis entre 46 communes. Les déplacés fuyant les tensions ont trouvé refuge dans les villages, communes, et cercles voisins. Le collectif des Associations de Jeunes du Pays Dogon a pu comptabiliser plus de 54 000 personnes en risque de famine au Pays Dogon dont : 35 844 personnes (Déplacés) – 3 893 personnes (Ménages d’accueil) – 14 625 personnes (Assiégés). Ces données sont très évolutives en fonction des situations sur le terrain. Les déplacés carrément sortis de la région de Mopti et installés à : Bamako (Niamana) dont 175 personnes Bamako Faladié, 1011 personnes Ouélessébougou (Tinkele): 202 personnes Sélingué (Siramana):367 personnes ; Sikasso (klela) 320 personnes, Koutiala 280 personnes ; Yorosso (Koury) 300 personnes. Selon Adama Diongo, aujourd’hui, plus de 40 villages et 70 hameaux n’ont pas pu cultiver dans les 4 cercles du Pays Dogon et plus de 14 625 personnes sont assiégées et sont directement en risque de famine d’ici quelques mois. Dans les cercles de Koro et de Douentza, l’épicentre de la tension, les besoins des gens se sont intensifiés depuis Janvier 2019. D’ailleurs, des villages entiers sont assiégés par des mines anti personnelles, rendant totalement impossible toute activité agro-silvo-pastorale. Il dira qu’un vibrant hommage doit être rendu aux ménages qui ont accepté de recevoir leurs frères déplacés. Cependant, lors de ses missions de prospections, le collectif a pu contraster que plusieurs de ces ménages d’accueil sont proches de la rupture de leur stock alimentaire. Ce qui, du coup, place plus de 3 000 personnes dans le besoin alimentaire dans les 4 cercles. Quant à l’aide d’urgence, elle est timide et le collectif veut innover. Les aides d’urgence fournies par l’Etat et les ONG à ces localités sont très timides, insuffisantes et ne couvrent pas plus de trois mois de besoin. Or les localités touchées doivent être soutenues pendant plus de 10 mois, c’est à dire jusqu’à la récolte prochaine (décembre 2019). Le besoin est de 4 000 tonnes et nécessite plus d’un milliard de francs CFA. Pour ce faire, le collectif envisage de : Lancer une campagne de collecte de fond pour financer un programme de 328.000.000 FCFA destiné à soutenir pendant 6 mois 54 000 personnes. Acquérir des parcelles agricoles de maraichage dans la périphérie de Bamako afin de les mettre en œuvre au profit des femmes déplacées. Aménager et exploiter 40 hectares mis à disposition par un opérateur économique. Mamadou Ziguimé, élu communal de Bankass, a rappelé qu’avant l’éclatement de cette crise au centre, le pays dogon était frappé par une invasion de criquets pèlerins qui a beaucoup fait manquer de vivre aux habitants de ces localités. A cela est venue s’ajouter la crise multidimensionnelle qui a plongé les paysans dans un état de totale dépendance.

Samba Sidibé

Le Matinal