UNE : Kalanban coro-Kati / La population se révolte contre l’impunité

C’est cette foule de mécontents qui a pris d’assaut la Brigade territoriale de la gendarmerie de Kalaban-coro, ce lundi 9 janvier 2012, voulant soustraire des entrailles de la gendarmerie un présumé braqueur, spécialisé dans le brigandage.

Selon les témoignages, ces braqueurs ont causé beaucoup de dommage dans le quartier Kalabancoro Adeken. Notre interlocuteur a affirmé que le nombre de victimes atteint une vingtaine de personnes dont un vendeur de pain, avec en bonus des motos volées.

Des jeunes, des hommes et des femmes étaient sortis nombreux, et n’eut été l’intervention musclée du groupement mobile de la gendarmerie, le nombre de personne lynchée à mort ne se limiterait certainement pas à une victime. « Sortez-.les, donnez-les nous pour qu’on les brûle, ils ne méritent pas de vivre après tant de carnage par brigandage », s’écriaient les manifestants en délire.

Il s’agissait de deux personnes ce jour. L’un venait de trépasser après un lynchage populaire. L’autre était gardé par les gendarmes dans une de leurs cellules. Ils étaient fichés par la gendarmerie, reconnus par les habitants de Kalaban-coro comme étant des assassins, des bandits de grand chemin qui vous braquent dans un coin de la rue et vous dépouillent de vos biens : argent, motos ou autres objets de valeur. Ces présumés bandits qui auraient fait de nombreuses victimes sont Bakary Monékata et son frère Aboubacar Monékata, tous deux anciens militaires radiés, nous dit un agent de la Brigade territoriale de Kalaban-coro. Recherchés et repérés, le samedi 7 janvier, leur arrestation n’aurait pas été chose aisée car Aboubacar Monékata aurait résisté à son arrestation. Se sentant en fin de compte en position de faiblesse, il aurait pris le large avant d’être rattrapé par une foule de mécontents qui finiront par le lyncher à mort.

La porte de la gendarmerie de Kalabancoro ressemblait à un tribunal populaire ce lundi 9 janvier 2012.Plus de 400 personnes se sont révoltées devant la gendarmerie de Kalabancoro et voulaient mettre la main sur le présumé braqueur vivant, Bakary Monékata.

La dame Ina, mère d’une de leurs victimes, a fait savoir que la population doit collaborer avec la gendarmerie pour lui rendre la tâche plus facile car elle est là pour la population avant tout. A ses dires, l’un des gardes de la prison de Kati est en étroite collaboration avec les malfrats parce qu’une fois leurs dossiers entre les mains de la justice à Kati, des interventions sont faites pour les libérer. Selon nos sources, ces deux bandits de grand chemin auraient le soutien d’un membre de la présidence.

Pour le commandant de brigade de la gendarmerie de Kalabancoro, Sékou Bougadary Danioko, les faits remontent dans la nuit du 28 au 29 décembre 2011 lorsqu’un jeune du nom de Daouda Sissoko dit Polo a subi la loi de ces deux malfrats. Suite à ses blessures, il a été amputé d’une main. Pendant les enquêtes, Daouda Sissoko a fait savoir qu’il a été attaqué par ‘’des porteurs d’uniformes’’. Une personne anonyme a appelé la gendarmerie pour leur faire savoir que des individus ont l’habitude de planifier leurs coups auprès d’un vendeur de café. Ce qui a permis à la gendarmerie de mettre la main sur ces deux malfrats tous des radiés de l’armée malienne.

Le grand frère est un ex-commando parachutiste et le jeune frère est un ex-garde.

Une fois entre les mains des gendarmes, Bakary Monekata aurait avoué les faits. Il a reconnu avoir participé au braquage au domicile d’un ministre délégué, et à beaucoup d’autres braquages dans le quartier de Kalabancoro. Une fois arrêté, les gendarmes ont retrouvé leurs anciennes tenues, un véhicule Galoper et un pistolet de fabrication artisanale à leur domicile qui a été incendié par la population.

Les enquêtes sont en cours, selon Sékou Bougadary Danioko, commandant de brigade de la gendarmerie de Kalabancoro. Hier matin, notre équipe de reportage était sur place et le bras de fer entre la population et les gendarmes se poursuivait, la première voulant à tout prix disposer des bandits pour se faire justice. Contacté hier aux environs de 17 heures, le Major Ousmane Sacko nous a indiqué que Bakary Monékata a été conduit devant le procureur de Kati où il serait présentement. La population s’était érigée contre ce transfert et voulait à tout prix empêcher « la fuite organisée des assassins » par la gendarmerie. Raison pour laquelle ils avaient pendant toute la matinée, enflammé des pneus et autres objets dans la rue qui mène à la gendarmerie de Kalabancoro. Le commandant de brigade aurait donné une instruction ferme à ses agents de ne laisser personne entrer dans les locaux de la gendarmerie, y compris les journalistes. Heureusement que personne ne peut plus bâillonner la presse.

Moussa Samba Diallo / Aguibou Sogodogo

Le Républicain Mali 11/01/2012