Le 22 mai 2017, l’État du Sénégal a fait voter une loi criminalisant le vol de bétail dans le but de réduire, voire d’éradiquer ce fléau. Mais, les résultats escomptés se font encore désirer. Les peines encourues sont de 5 à 10 ans de prison ferme, sans possibilité de sursis ou de remise de peine. «Le constat que nous avons fait, comme tout le monde, c’est que l’application de cette loi pose problème. Cela est peut-être dû à l’insuffisance des ressources judiciaires et sécuritaires pour enquêter sur le vol de bétail. Ensuite, il y a la méfiance envers le système judiciaire. Enfin, les coûts élevés des démarches administratives et des procédures judiciaires, qui peuvent être excessivement chers, constituent un dernier obstacle», pense Dr Astou Fall, coordonnatrice de la CLCVB.
La FAO compte accompagner les gouvernements par la mise en place d’une coalition sous-régionale de prévention et de lutte contre le vol de bétail en Afrique de l’Ouest pour prendre en charge la dimension transfrontalière et sous-régionale du fléau et le partage d’informations dans un court terme. Cette organisation onusienne a affiché sa disponibilité à travailler (de concert avec le ministère en charge de l’Élevage et l’ensemble des acteurs) à l’identification et au déploiement de la solution qui conviendra le mieux aux réalités locales.
Il est possible d’aller vers des solutions comme la pose de boucles d’oreille. Derrière la boucle, il y a un code qui permet d’identifier le pays, la région, le département, la commune d’appartenance et même l’exploitation de l’éleveur et le numéro. Cette boucle peut être améliorée avec une puce électronique qui a l’avantage de pouvoir intégrer d’autres données relatives à la santé animale, à la reproduction, à la traçabilité. «Les puces électroniques peuvent également être placées sous la peau de l’animal ou sous forme de bolus ruminal ingérés par l’animal avec cet avantage d’être plus discrètes et invisibles», a souligné M. Lionel Gbaguidi, fonctionnaire chargé de la production et santé animale au bureau sous régional de la FAO pour l’Afrique de l’Ouest.
La FAO compte aussi contribuer à la mise en place d’une coalition sous-régionale de prévention et de lutte contre le vol de bétail en Afrique de l’Ouest pour prendre en charge la dimension transfrontalière et sous-régionale du fléau et le partage d’informations dans un court terme. Selon de nombreux observateurs, l’efficacité d’une telle stratégie repose sur la mise en avant des communautés au cœur de la lutte contre le vol de bétail. Il serait ainsi judicieux de constituer des comités locaux, régionaux et nationaux de lutte contre le vol de bétail sur tous les maillons de chaînes de valeur pour mettre en œuvre les actions de sensibilisation, de plaidoyer et de communication.
La nécessité d’une solution adaptée pour l’Afrique de l’Ouest dans un contexte de systèmes d’élevage pluriels, passe notamment par le recours aux innovations technologiques (puces, colliers, drones, bolus …) qui sont des opportunités pour réduire le vol de bétail. On note également, la nécessité d’œuvrer à l’harmonisation entre États des systèmes nationaux d’identification et de traçabilité du bétail pour faciliter le suivi au-delà des frontières à moyen et long terme. Comme solutions, il est aussi préconisé, l’élaboration et la mise en œuvre concertée d’un programme régional sur l’identification et la traçabilité du bétail en Afrique de l’Ouest.
La réponse contre le vol de bétail est aussi le renforcement des cadres juridiques liés à la prévention et à la lutte contre le fléau. La FAO prévoit aussi un plaidoyer envers les décideurs sur la nécessité de la mise en place de financements dédiés à la problématique de lutte contre le vol de bétail, notamment la création d’un fonds sous-régional dédié à la prévention et à la lutte contre ce vol crime organisé.
M.B