Transition et crise sécuritaire : Assimi s’assume avant de… rassurer

La montée en puissance de l’Armée nationale est une réalité, mais le défi sécuritaire plutôt croissant en est aussi une toute autre. Le chef de l’Etat met toutes son énergie dans la bataille, mais la quiétude peine à revenir.

Avec un ton ferme et un engagement qui transparaît jusque dans sa démarche (démarche militaire avec des pas traduisant la vivacité et la vigilance) face à l’épreuve, le chef de l’Etat, chef suprême des Armées, le Colonel Assimi Goïta affiche sa volonté sans faille de patriote dans l’âme pour en découdre avec les forces obscurantistes, qui endeuillent le Mali, depuis plusieurs années.

Lors de son adresse à ses compatriotes à la veille de la fête nationale de l’indépendance, le Président de la transition a tenu un discours réconfortant quant à la poursuite de l’engagement des forces de défense et de sécurité. Mais le réconfort n’apaise pas les inquiétudes émanant du terrain. « Nous promettons de poursuivre le combat jusqu’à la libération totale de notre pays », a-t-il soutenu. Avant de souligner que pour tenir une telle promesse, l’espoir repose sur l’épaule de nos braves forces de défense et de sécurité. Ce rêve de vaincre les forces obscurantistes et d’honorer la mémoire des victimes militaires, ainsi que civiles, ne peut se faire sans les moyens et l’engagement humain adéquats.

C’est dans cette dynamique que l’état-major général des armées informe que les FAMa poursuivent les actions contre les groupes terroristes dans le cadre du plan Maliko et de l’opération Keletigui, malgré les contraintes liées à la période hivernale. Les actions majeures visant à réduire la pression des terroristes sur les populations ne cessent de s’intensifier, sur l’instruction personnelle du chef de l’Etat. On le dit très impliqué, à la minute près, au déroulement des opérations sur le terrain. De même que son ministre de la Défense, le Colonel Sadio Camara et ses collaborateurs, dont le Colonel Modibo Koné, le patron des renseignements, qui ne dorment désormais que d’un sommeil plutôt léger.

Ainsi, le 27 septembre 2022, sur la base de renseignements, les FAMa ont interpellé 05 suspects terroristes à la foire de Sofara, région de Mopti, parmi lesquels Alhadj Diakité, connu sous le nom d’Abou Anass, un responsable de la katiba Macina, non moins commandant du secteur de Sofara et Bandiagara.

Le nommé Abou Anas, un criminel récidiviste, interpellé lors de l’opération de Moura, avant été, selon nos informations, relâché par la suite. Il faut ajouter aussi Amadou Diakité, responsable de la katiba Macina, commandant les secteurs de Ouenkoro et Mafoune.

Il nous revient que c’est avec les orientations du chef de l’Etat, en collaboration avec son équipe restreinte de conseillers militaires que ces opérations ont été menées à la grande satisfaction des Maliens auxquels il promet des avancées et diverses réalisations.

« Au nombre de ces réalisations en cours figurent en bonne place, un hôpital militaire de haut niveau et 4000 logements pour les forces de défense et de sécurité en lieu et place des habitats spontanés dont la prolifération devenait un facteur d’insécurité pour nos casernes », a indiqué le chef suprême des armées, lors de son message du 22 septembre dernier.

Mais le hic dans ces légères avancées, c’est qu’à divers endroits du territoire, la presse des groupes terroristes sur les populations, ne baisse pas. Par exemple, dans le centre et le nord du pays, l’on peine à citer les villages reconquis, tout autour de certains chefs-lieux de cercles. C’est pourquoi les populations n’arrivent plus à se rendre dans leurs champs, aux foires par crainte d’être attaqués par les hordes de terroristes.

Cette situation fait que de nombreuses personnes des régions du septentrion et du centre et même certaines zones de l’est et du sud ne sont point rassurées par le discours officiel. Ce qui fait dire, hier, à un lycéen de Koro (région de Mopti) que « les militaires s’assument peut-être, mais ils ne rassurent pas ». de quels militaires parlent-ils. Ceux qui sont au pouvoir », nous a-t-il bredouillé au téléphone.

En clair, le chef de la Transition fait des efforts certains pour maîtriser la menace sécuritaire, mais il faut davantage de coordination et de collaboration des populations pour mieux traquer les terroristes. Encore que le tout-sécuritaire a ses limites. Ce qui fait que l’assumation du chef de l’Etat quant à la diversification des partenaires, avec l’appui des Russes, la rupture avec la France, l’acquisition d’équipements militaires conséquents, etc, trouvent ses limites. C’est pourquoi, aujourd’hui, la région de Kayes est aussi atteinte par l’hydre terroriste. Les routes de la zone enregistrent de régulières attaques, comme cela se passait avant dans vers le centre et le nord du pays.

Il urge, en définitive, que le président de la Transition et le Premier ministre par intérim (qu’il doit confirmer rapidement dans ses fonctions) activent tous les réseaux possibles, recherchent les financements nécessaires pour hâter la sécurisation du pays. Car le retour de la sécurité n’est pas dans le discours mais, sur la réalité du terrain. C’est ce terrain qui doit rassurer.

Bruno D SEGBEDJI