Théâtre / Quand Toussaint Louverture fait le procès de l’esclavage des noirs


En écrivant sa pièce de théâtre « Conversation entre Toussaint Louverture et Lamartine », Elvire Marouard enseignante et écrivain haïtienne, ne pouvait trouver meilleure approche pour faire le procès de l’esclavage des noirs. En tout  cas c’est ce qui est ressorti de la mise en scène qu’a faite Martin Tiénou. Monzon Traoré dans le rôle de Toussaint Louverture, Moussa Fofana, dans celui de Lamartine et Maïmouna Samaké et Martin Tiénou, dans les rôles de narratrice et de narrateur, dans un jeu d’acteurs captivant, ont restitué cette rencontre épique qui eut lieu entre  Toussaint Louverture, le père fondateur de la première République noire et Lamartine, homme politique doublé d’un écrivain hors pair.

Dans une conversation bien agencée, avec des intermèdes de narration, les quatre comédiens ont retracé l’itinéraire de ce fils de l’Afrique, ancien esclave, de sa nomination comme officier français de l’empire jusqu’à son arrestation et sa mort au Fort de Joux. Ce fut simplement un résumé de la vie bien remplie d’un humaniste exceptionnel qui avait la capacité de pardonner à des assaillants qui ont voulu attenter à sa vie.  Le jeu des acteurs a permis aux spectateurs d’admirer la fidélité de Toussaint Louverture à la France. « Lorsque la République était en difficulté, Georges III  m’a offert le titre et les revenus qu’il désignerait, si je consentais à soumettre l’île à la couronne britannique. Je refusai et m’emparai de la colonie au profit de la France », rappelle Toussaint Louverture à Lamartine.

Et, pour mettre un accent particulier sur sa fidélité à la France qui l’a embastillé, il déclara : « par les armes, je fis également respecter le traité de Bâle, qui cédait à la France la partie espagnole de Saint-Domingue ». Lamartine,  poète d’exception, député français qui a consacré une bonne partie de sa vie à lutter contre l’abolition de l’esclavage, sera impressionné par le fait que « l’injustice n’a pas pu ébranler l’humanisme de Toussaint Louverture ».  Commencé par le refrain « dis-moi mon frère jusqu’où je suis souvent. Un jour viendra, le bonheur viendra », la pièce prit fin par le même refrain, mais cette fois avec Toussaint Louverture mort couché sur un canapé.

 

 

« Un jour viendra, le bonheur viendra », cette phrase de Toussaint Louverture qui résonne comme une prophétie, est en passe de se réaliser. Aujourd’hui, le noir est libre, même si sa terre, le berceau de l’humanité, peine à sortir la tête de l’eau. Mais, il ne pouvait en être autrement, tant il a été meurtri, jusque  dans ses germes par tant de souffrances subies sur plusieurs générations. Mais, aujourd’hui avec l’exemple de Obama à la tête de la nation la plus puissante du monde, tous les noirs, à travers le monde, peuvent chanter en chœur : « Un jour viendra, le bonheur viendra ».

Assane Koné