Sommet de New Delhi : les Brics veulent leur banque de développement.

« Les liquidités excessives émanant de la politique agressive prise par les banques centrales pour stabiliser leurs économies sont en train de se répandre dans les économies des marchés émergents », a relevé le bloc dans sa déclaration finale.

Les Brics, qui devraient assurer 61% de la croissance mondiale en 2015, veulent mieux faire avancer leur point de vue dans les négociations économiques, notamment au sein du Fonds monétaire international (FMI) et de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

Il existe, cependant, des intérêts divergents entre ces pays. Pékin refuse, par exemple, de soutenir le Brésil qui cherche à obtenir un siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU. Et de son côté, la Chine, dont le PIB est supérieur à celui des autres pays réunis, a tendance à vouloir montrer sa suprématie.

Une « Brics bank »

L’essentiel des discussions du sommet de New Delhi a tourné autour de la création d’une banque, déjà baptisée « South-South Bank » ou « Brics Bank ». Le projet, proposé par l’Inde, n’en est qu’à ses balbutiements. Les ministres des Finances des cinq pays vont examiner la faisabilité et la viabilité d’une telle proposition.

Le président sud-africain Jacob Zuma a affirmé que cette banque était une idée saluée par d’autres dirigeants africains, qui y voient une nouvelle source de financement pour des projets d’infrastructures clés. « Une telle banque a un fort potentiel pour nous aider à créer de bons emplois », a ainsi estimé le président Zuma.

Même constat pour le ministre brésilien du Commerce, Fernando Pimentel, pour qui « une telle banque serait un outil financier très puissant pour améliorer les possibilités commerciales et peut-être une étape majeure pour soutenir l’Union européenne dans ses efforts pour surmonter la crise financière ».

Contourner la Banque mondiale et le FMI

Pour bon nombre d’experts, les pays émergents veulent ainsi devenir moins dépendants de la Banque mondiale (BM) et du Fonds monétaire international (FMI). Cette structure serait également un moyen de contourner l’euro et le dollar, au profit notamment de la monnaie chinoise. La Chine est aujourd’hui l’un des plus grands bailleurs de fonds mondiaux. Elle prête désormais plus au continent africain que la Banque mondiale.

De tous les Brics, l’Afrique du Sud se montre la plus enthousiaste à l’idée de recourir au yuan. D’après Standard Bank, l’une des plus importantes banques du pays, utiliser la devise chinoise au lieu du dollar profitera largement à l’économie sud-africaine. Une idée qui est loin de faire l’unanimité. Le Brésil se plaint notamment de la sous-évaluation du yuan qui favorise les exportations chinoises au profit de son économie.

Par Nadir Djennad

Rfi 30/03/2012