SITUATION POLITICO-SECURITAIRE AU MALI Les violations des droits de l’homme

Au-delà de la gravité de ces violations des droits de l’Homme, c’est l’impunité qui les entoure qui constitue la principale marque de la gouvernance actuelle : ni la fusillade contre les étudiants le 30 avril 2012 à l’université, qui a fait deux morts et des blessés, ni les attaques contre les journalistes, ni les informations d’arrestations arbitraires, de tortures et d’exécutions sommaires des militaires (notamment des bérets rouges) n’ont fait, à ce jour, l’objet d’une enquête sérieuse. Même l’enquête judiciaire pour tentative d’assassinat du président de la République par intérim, le 21 mai 2012 ne progresse guère.

Les interférences de la junte dans la gestion des affaires publiques :

Malgré les efforts des organisations sous régionales, régionales et internationales, le retour de la junte dans les casernes demeure théorique.

La junte militaire qui a pris le pouvoir le 22 mars 2012 continue ses interférences dans la vie publique, comme l’ont révélé les incidents entre policiers le 26 septembre 2012 à la suite de mesures de promotions contestées. La suspension du décret nommant à titre exceptionnel des commissaires de police, a été annoncée d’abord au siège de la junte à Kati.
La junte militaire envoie des émissaires pour négocier avec les groupes armés rebelles (notamment Ançar Eddine) c’était le cas à Niafunké à la mi-septembre  et à Alger en fin septembre 2012.

La gestion partisane de la Transition :

Par définition une transition doit être inclusive et neutre.
La formation du gouvernement d’union nationale, le 20 août 2012, a révélé que plus des ¾ des ministres représentent les forces favorables au coup d’Etat.

En outre, le Premier ministre, chef du gouvernement de transition, est le chef d’un parti politique. Il utilise l’appareil d’Etat et les moyens de l’Etat à des fins politiques partisanes.
Il ne fait aucun mystère de son projet de se présenter aux prochaines élections présidentielles, au motif, qu’aucune disposition de l’Accord-cadre du 6 avril 2012 ne l’en empêche.

Une telle détermination qui fausse les règles du jeu d’une transition neutre fait fi de la jurisprudence de la Transition de 1991-1992. Elle ignore les conclusions de la rencontre des forces vives  (Ouagadougou, avril 2012) et du sommet des chefs d’Etat du groupe de contact de la Cédéao sur le Mali (Ouagadougou, 7 juillet 2012).
Enfin, elle ne tient aucun compte du message à la nation du président de la République, le 29 juillet 2012 :
«… Il reste entendu que ni le Président, ni le Premier ministre, ni les ministres ne pourront se présenter à la prochaine élection présidentielle ».

La gestion partisane de la Transition s’observe à travers le processus d’organisation des Concertations nationales. Le Premier ministre refuse obstinément de tenir compte des propositions du FDR pour une organisation paritaire et consensuelle des Concertations nationales.

L’absence de feuille de route :

Près de deux mois après la formation du gouvernement d’union nationale, le Premier ministre n’a toujours pas produit la feuille de route de la Transition tant attendue.
Cette feuille de route devrait énoncer les principales missions et tâches de la transition, les objectifs, les résultats attendus et un chronogramme précis pour l’exécution desdites tâches.

La réconciliation et la cohésion de l’armée

La réunification du pays devrait être la principale mission de la transition.
Si l’armée nationale est appelée à jouer un rôle de premier plan dans la libération du Nord, sa cohésion et son réarmement moral doivent apparaître clairement comme des tâches fondamentales.
La réconciliation des Forces armées nationales (après les affrontements fratricides des 30 avril et 1er mai) le rétablissement de la chaîne de commandement, la mobilisation effective de tous les corps d’armée, de tous les échelons doivent être des préoccupations majeures.

La gestion de la crise sécuritaire au Nord :

Au moment où se tient la réunion du groupe de soutien et de suivi de la situation  au Mali, le constat actuel  est que les régions occupées sont transformées en sanctuaire pour les groupes rebelles en coalition avec les narcotrafiquants, les fondamentalistes religieux et les terroristes de tous bords.

Il est aujourd’hui établi que des camps d’entraînement de jihadistes ont essaimé dans toutes ces régions avec l’objectif bien précis de former des katibats terroristes et des kamikazes. Avec le risque de voir le Mali transformé en bastion du terrorisme, phénomène qui se métastaserait sans doute principalement dans  les pays de la sous-région, en Afrique, en Europe et dans le reste du monde.

Malgré l’occupation des régions de Kidal, Gao, Tombouctou et une grande  partie de la région de Mopti, le Gouvernement peine à élaborer une stratégie de libération du Nord.
Dans les régions occupées, notre peuple souffre du manque et de l’insuffisance des services sociaux. Il souffre de l’oppression et de la violence d’une occupation barbare: lapidation à mort, amputation des mains et de pieds, châtiments corporels, viols et agressions contre les femmes accompagnée de destruction de monuments et de sites archéologiques.

L’organisation d’élections crédibles

La base de toute élection étant le fichier électoral, une attention particulière doit être accordée à la fiabilité dudit fichier, l’interruption unilatérale de la révision des listes électorales par le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation constitue une violation grave de la loi électorale N°06-044  du 4 septembre 2006.      
Le retour effectif à l’ordre constitutionnel, le retour vérifiable de l’armée dans les casernes, la fin des interférences de la junte dans la vie publique et politique et la soumission des militaires à l’autorité civile constitutionnelle demeurent des objectifs à atteindre.

Le FDR invite la CEDEAO, l’Union Africaine, l’Union Européenne, Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), les Nations Unies et tous les partenaires du Mali à s’impliquer afin que les militaires retournent effectivement dans les casernes.
Il sollicite l’implication de la CEDEAO et de la Communauté Internationale pour appuyer l’armée malienne dans la reconquête des zones sous occupation.

Le FDR demande au groupe de soutien et de suivi de la situation au Mali de s’impliquer afin que le gouvernement s’attèle sérieusement à l’élaboration d’un fichier électoral fiable et à la reprise du processus de révision des listes électorales.
Il invite les membres du Groupe de soutien et de suivi de la situation au Mali à proclamer la neutralité de la Transition notamment à rappeler que le président de la République, le Premier ministre, les membres du Gouvernement et des autres organes de Transition ne seront pas candidats aux élections organisées par la Transition, conformément à l’annonce faite par le Chef de l’Etat le 29 juillet 2012.

Le titre et le chapeau sont de la Rédaction

L’ Indicateur Du Renouveau 23/10/2012