Rébellion au Nord du Mali / Les femmes des camps marchent sur Koulouba

La marche de ce 31 janvier 2012 était donc la deuxième tentative, c’est dire leur détermination à s’exprimer et à se faire entendre des plus hautes autorités. Elles affirment mener jusqu’au bout leur bataille pour obtenir gain de cause.

La marche, partie de la ville de Kati, est passée par le centre émetteur de l’Office de radiotélévision du Mali (ORTM) et devait se terminer aux portes du palais de Koulouba. Si aucune banderole n’était visible sur le parcours, le but était cependant connu de tous : arrêter l’assassinat de leurs maris et leurs enfants par les rebelles qui écument le nord du pays. Les marcheurs (il y avait aussi des hommes), plus de cinq personnes, étaient suivis d’un véhicule militaire, transportant une dizaine de militaires, apparemment pour les protéger.

A pied, pour la majorité d’entre eux, (il y avait aussi des motocyclistes et des automobilistes), ils ont parcouru la dizaine de kilomètres du parcours laissant derrière eux de gros cailloux et de pneus enflammés. Aux abords du quartier de Koulouba c’est Natié Pléa, le ministre de la défense et des anciens combattants, en personne, qui est venu à leur rencontre pour calmer les esprits et leur demander de se concerter pour composer une délégation qu’il recevra dès jeudi prochain pour des discussions. Selon des témoignages, plus de 150 militaires maliens sont tombés sous les balles rebelles fautes de matériel adéquat pour faire front.

Certaines femmes aussi ont laissé entendre que leurs époux et leurs enfants vont souvent sur le champ de bataille sans le matériel nécessaire pour pouvoir se défendre et lutter efficacement. « Je marche aujourd’hui avec mes mamans parce que je suis furieux, énervé par la barbarie de ce qui se déroule au nord du Mali.

Regarde les rebelles ont tué des militaires maliens, tout près, à 50 Kilomètres de Nioro. Il faut que cela cesse », disait un jeune mécontent qui s’est joint à la marche. Longtemps les femmes sont restées débout face à la barrière infranchissable des éléments de la garde nationale qui les empêchaient de continuer et d’atteindre le palais de Koulouba, l’objectif alors qu’arrivait sur les lieux le général Gabriel Poudiougou, chef d’Etat major général des armées. Notons que la marche a duré plus de cinq heures.

Aguibou Sogodogo

Le Républicain Mali 01/02/2012