RADIOSCOPIE DE LA Crise malienne / Regards sur le binôme Compaoré-Bassolé

L’accord cadre qui avait jusque là montré ses vertus  exhibe ses carences et ouvre le feu sur la médiation burkinabé, donc sur Bassolé. Nombreux sont les Maliens qui se souviennent que l’émissaire n’est autre que celui de Compaoré, le président d’un pays contre lequel le Mali a livré par le passé deux guerres que Bamako assure avoir gagnées. Or le beau Blaise a sa légende et pour la rue bamakoise manger froid le plat de la vengeance est une des particularités de l’homme. A cela s’ajoute un fait : aucun pays ne ressemble au Mali que le Burkina Faso et si on n’en parle pas publiquement, ces voisins sont en compétition pour les ressources et les satisfecit des  sentinelles de la bonne gouvernance.

Le Mali a son ventre mou et c’est le Nord où s’entrecroisent  tous les extrêmes, barons de la coke, syndicats du rapt, doctrinaires fous et se comptant sur le bout des doigts, quelques connaisseurs de ce gigantesque entrepôt d’otages qui savent négocier et obtenir la libération de ces infortunées monnaies d’échange. Une façon de parler, car derrière les dunes, ce sont des cantines de devises qui sont peut-être déposées. Et un conseiller de Compaoré passe pour tout savoir. A cela s’ajoutent un fait et un  soupçon.

Le fait : le médiateur de la crise malienne envoie un hélico exfiltrer Bilal Ag Shérif blessé sous les feux du Mujao à Gao. Pour les Maliens, c’est la preuve que le président burkinabé ne joue pas franc jeu. Le soupçon maintenant : une revue  généralement bien informée rapporte que, selon les services secrets français, d’importantes quantités d’armes ont transité par le Burkina pour le Mujao. Mardi, Boisbouvier a oublié d’interroger Bassolé là-dessus. Et Bassolé qui en était à sa nième explication sur une crise dont certains aspects gagneraient à être tenus discrets a oublié de démentir. Conséquence : si de rares Maliens lui savent gré de s’être investi pour les progrès enregistrés, ils sont légion ceux qui voient en lui la voix et la main de son maître. Lequel, procès en sorcellerie ou non, aura beaucoup de mal à convaincre l’opinion malienne qu’il fait partie de la solution et pas du problème.            

Adam Thiam

Le Républicain Mali 26/09/2012