QUI SONT LES PARRAINS DE LA REBELLION ? : Les apatrides

moussa ag assarid

 

 

Dès le départ, cette organisation affiche sa volonté en reprenant les vieilles revendications de différents mouvements de la rébellion qui ont existé dans un passé récent à Kidal. Revendication majeure du MNLA : l’indépendance de cette partie nord du Mali qu’il appelle Azawad. De novembre 2010 à octobre 2011, les populations du nord n’ont guère prêté attention aux agitations des membres de ce groupuscule d’individus. Il a fallu le retour des soldats libyens dans les régions du nord pour que cette organisation qui jusqu’ici n’avait aucun moyen militaire, se fasse véritablement entendre. Dans une campagne de récupération, de hauts responsables du Mnla tentent le rapprochement avec ces soldats qui avaient fuila Libye. Pour certains, ceux-ci ont été encouragés à revenir au Mali, surtout par un pays occidental, qui leur aurait promis soutien et financement pour…l’indépendance de l’Azawad.  

De leur côté, les responsables du mouvement, dans une duplicité déconcertante, jouaient à l’équilibrisme entre Bamako et Kidal. En effet, certains d’entre eux, sont des élus et arpentaient les allés du pouvoir à Bamako jusqu’au déclenchement des attaques la semaine dernière.

Dans le lot, il y a le député de Kidal, Algabach Ag Intallah, cet élu de la communauté Ifogas, issu d’une famille connue de la localité. Algabach a été cité dans plusieurs actions de déstabilisation de sa région natale. Mais compte tenu de son poids tribal et de la notoriété de son père, il a toujours été épargné par les autorités. Aujourd’hui, il semble qu’il est (à nouveau) au centre de la rébellion. Selon certaines sources, il aurait même rejoint les rebelles dans les montagnes de Kidal.

Autre responsable du mouvement, c’est le député de Bourem, Ibrahim Ag Mohamed Saleh. Cet homme faisait l’objet d’un mandat d’arrêt international lancé contre lui par un juge algérien. Et pour cause, il était soupçonné d’appartenir à un réseau de trafic opérant entre le Mali et l’Algérie. Mais après cette affaire qui normalement devrait le conduire droit dans les geôles, ce député, certainement pour brouiller les pistes, s’est mis à multiplier les déclarations accusant l’Etat malien de laxisme dans la lutte contre l’insécurité et contre le trafic du nord du pays.

Le troisième nom cité dans cette rébellion est celui du député d’Abéibara, Hama Ag Bibi. Il était le porte parole de l’Alliance du 23 mai pour le changement, ce mouvement créé à Kidal en 2006, après l’attaque de cette ville. Après, Ag Bibi est parvenu à se faire une réputation dans les différentes tractations entre l’Etat et les différents protagonistes au nord.

Aujourd’hui, il est passé pour être un des idéologues du Mnla, après avoir profité des avantages accordés par l’Etat aux différents responsables de l’alliance du 23 mai.

Un autre élu a rejoint les rangs de la rébellion, il s’agit du président du conseil de cercle de Kidal, Bilal Ag Ousmane. Celui-ci a acquis une notoriété des plus sombres, lorsqu’il a lui-même dévalisé sa propre institution, il y a deux ans. En effet, le 19 juillet 2010, le conseil de cercle de Kidal avait été cambriolé et tout le mobilier de bureau emporté. L’auteur de ce cambriolage n’était que le président du conseil de cercle, lui-même. Sans commentaire !

Dans le mouvement, une dame, Nina Wallet Intallou, conseillère nationale. Elle est par ailleurs présidente d’une association dénommée «  Association transsaharienne taghreft Tinariwen ». Cette dame a longtemps été associée à toutes les activités organisées par la Libye au Nord-Mali. Elle a effectué de nombreuses missions à Tripoli, quand le colonel Kadhafi invitait les différentes communautés de Kidal. Elle et d’autres responsables de Kidal ont longtemps profité de la bonne foi du leader libyen, en s’affichant comme étant garants de la paix et de la stabilité des régions nord du Mali. A ce jeu, ils ont amassé d’importantes sommes que le colonel Kadhafi n’hésitait pas à mettre à leur disposition.

La dame Nina, tout comme les autres responsables cités plus haut n’ont maintenant qu’un calcul : se retourner vers d’autres potentiels bailleurs étrangers via le mouvement de l’Azawad.

Il faut également ajouter à cette liste, l’écrivain Moussa Ag Assarid qui se présente comme le chargé de communication du Mnla. Il contribue aujourd’hui à l’intox contre le gouvernement malien sur les chaînes françaises et occidentales.

En plus de ceux-ci, il semble qu’une longue chaîne de complicités serait entrain de se nouer entre le mouvement et d’autres personnes dont certains sont tapis dans les rouages de l’administration et des institutions de la République. Mais, comme le disait l’autre : « On peut tromper une partie du peuple pendant tout le temps, mais l’on ne peut tromper tout le peuple, tout le temps ».

Ch. Sylla

L’Aube 24/01/2012